Maintenant que mes problèmes de sous sont résolus (merci Swift), passons aux choses sérieuses, c'est-à-dire à un compte-rendu succinct de Blog Story, de Cyril Fievet et Emily Turrettini, cadeau de mes chers ex-collègues parisiens. Ils mettaient sans doute dans ce choix une pointe d'ironie, mais je les en remercie : c'est un excellent livre. Il a été rédigé par deux précurseurs du domaine, mais ils ont su garder la tête froide : chez eux, point de l'absurde fascination inconditionnelle pour les nouvelles technologies qui nourrit les bulles Internet et les intermédiaires financiers.
Sur le plan purement descriptif, comme disent les économistes en tordant le nez, les auteurs relèvent que les premiers blogs sont apparus au milieu des années 90. A l'époque, c'étaient surtout de simples catalogues de liens vers des pages Web qui avaient intéressé le blogueur. Ensuite sont apparus les blogs thématiques (comme celui-ci, en principe tout au moins), puis une explosion de blogs personnels qui vont du talentueux au déprimant en passant par le salace et le saugrenu. (On compte bien sûr beaucoup d'adolescents---et surtout d'adolescentes---dans cette dernière catégorie). Le meilleur blog, disent doctement les auteurs, est celui qui se situe au barycentre de ces trois sommets, un peu comme le mien en somme :-).
Autre thème intéressant que les auteurs traitent de manière convaincante : les liens (ou les conflits) entre journalisme et blogs. L'influence des blogs sur la vie politique américaine a parfois été beaucoup plus importante que celle des journalistes : lorsque le sénateur Trent Lott a fait devant des journalistes et "on the record" une intervention déplorant la fin de la discrimination raciale, ce sont les blogueurs qui s'en sont saisis (les journalistes n'ont fait que prendre le train en marche). Voir page 125 pour le récit des événements, qui ont été fatals au sénateur. Les blogs peuvent ainsi servir de contre-pouvoir au "quatrième pouvoir" (vous suivez ?), trop proche des trois premiers dans certains pays, dont la France. Il ne s'agit pas que de rivalité : les journalistes peuvent aussi se servir de ce moyen d'expression supplémentaire (ils le font de plus en plus), et ils peuvent aussi l'utiliser pour recueillir des informations là où ils ne peuvent pas aller (l'Irak, les zones de désastres naturels), un peu comme la radio sollicitait autrefois des informations téléphoniques de ses auditeurs.
Moi qui me suis lancé dans cette aventure sans bien en mesurer les conséquences (mais sans regret, bien au contraire), j'ai noté dans leur conclusion cette phrase qui peut servir d'avertissement utile (page 88) : "Bloguer prend du temps. Il vaut mieux l'accepter avant de demarrer". La moitié des blogs recensés sont inactifs, dit-on... Parmi ceux qui sont tres actifs, en voici quelques-uns, suggeres (parmi plusieurs dizaines d'autres) par Fievet et Turrettini :
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sur le journalisme
et les blogs : http://journalism.nyu.edu/pubzone/weblogs/pressthink
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des journalistes qui bloguent (outre Le Monde et Libé) : (James Taranto du Wall Street Journal, http://www.opinionjournal.com/best)
et le Guardian (sur les nouvelles technologies : http://blogs.guardian.co.uk/online).
de belles photos de New York : http://www.rion.nu .
plus récréatif : un site de " RSS feeds for online comics", http://www.tapestrycomics.com. Enjoy!