Paul Watzlawick, l'une des figures de l'école de psychologie de Palo Alto, est mort hier à 86 ans. Je n'y connais pas grand chose, mais j'ai lu et relu ses deux livres grand public : Faites-vous même votre malheur et Comment réussir à échouer, que je recommande très vivement, brefs, drôles et pas si superficiels que cela. Plusieurs recommandations "utiles", dans le désordre :
- rechercher toujours une explication unique à "alles was der Fall ist", comme dirait Wittgenstein ;
- après l'avoir trouvée, comprendre que si les autres ne l'acceptent pas, c'est qu'ils sont vendus aux puissances du mal ;
- sauter de "la liberté est un bien en soi" à "nul n'est libre s'il ne vit pas selon ce que je considère être le bien" ;
- ne jamais se contenter du bien, mais chercher toujours le mieux ;
- chercher en tous événements la confirmation de ses pires craintes et en jouir ouvertement---le "je l'avais bien dit ! ".
La liste n'est pas exhaustive, bien sûr ; et vous noterez que ce blog est parfaitement exempt de chacune de ces erreurs, puisqu'il recherche systématiquement la perfection (zut, 4 !)
Côté plus superficiel, la différence entre les hommes et les femmes, que PW attribue prudemment à un de ses professeurs : l'homme est une ellipse à deux foyers, l'eros et le logos ; mais chez la femme, ces deux foyers sont confondus, d'où une certaine difficulté de communication. Il me semble que cela tombe sous le coup de 1... mais l'analogie est amusante, quoiqu'à manier avec précaution. (Ne la racontez pas à une amie qui saurait qu'un cercle est une ellipse dégénérée, par exemple !)
L'école de Palo Alro prônait la "brief therapy" : pas plus de dix sessions, destinées à diagnostiquer le problème, puis le patient se débrouille. Cela ne marchait pas mal, semble-t-il ; mais bien sûr, PW n'en est pas devenu populaire auprès des psys qui régnaient à l'époque (voir les vieux films de Woody Allen). Autres temps ; la psychanalyse est tombée bien bas aujourd'hui aux Etats-Unis.
Ce que j'aime bien chez vous (entre mille autre choses), c'est la variété de vos références. Wittgenstein! pour un économiste, c'est pas mal du tout :) Je dis cela en souriant, pour m'être, il y a quelques années, fait sévèrement étriller par Gilles Saint-Paul à la suite d'un papier publié dans les Temps Modernes dans lequel je reprochais aux économistes leur inculture pour cause d'obsession mathématique (je simplifie naturellement mon argumentation qui valait beaucoup mieux que ce raccourci). En tout état de cause, je me réjouis de voir que les économistes ont, eux aussi, assez de curiosité pour aller voir ce qui se passe hors de leur discipline.
Rédigé par : Bernard Girard | 16 avril 2007 à 03:24