[un peu amendé le 23 mars 2007 au vu des commentaires]
Rexecode m'a précédé sur ce thème, mais Rexecode est un institut patronal et ne dispose peut-être pas de ma légendaire indépendance de jugement.
(NB: Pour les initiés, il s'agit plus d'autosélection---peu de gauchistes y travaillent (encore qu'un trostkyste bien entraîné puisse aller très loin dans l'entrisme, comme on sait) ---que d'aléa moral (des distorsions voulues de la réalité). Mais truth is rarely pure and never simple, comme disait Algernon, sans quoi il n'y aurait pas de problème d'aléa moral justement. Si ce paragraphe vous mystifie, n'hésitez plus et offrez vous un bon manuel.)
Rexecode s'intéresse plus globalement à l'impact économique des programmes des trois candidats majeurs---tout en annonçant que "les mesures étudiées ici ne concernent que les mesures concernant le travail" dans un premier volet (j'ai eu accès au second ce matin, au premier ce soir, un bug je suppose).
Commençons par Bayrou, par ordre alphabétique comme le fait Rexecode. Son site est bizarrement fichu : la page "Propositions" affiche plusieurs dizaines de rubriques apparemment non hiérarchisées, "emploi" le disputant à "bombes à sous-munitions". Mais peu importe.
Une première chose qui m'agace l'oeil est le rappel obligatoire de la mantra "rien ne justifie que l’ensemble du financement de la protection sociale repose sur le travail, sur l’emploi". D'une part, ce n'est pas le cas (la CSG affecte certains revenus du capital) ; d'autre part, je suis un peu fatigué de le rappeler, mais le modèle fiscal de base rejette l'imposition du capital en ce qu'elle taxe deux fois l'épargne... on peut facilement exhiber des exceptions, mais encore faut-il être conscient qu'il y a une règle.
Ceci est peut-être un péché véniel : la création d'une cotisation à la valeur ajoutée est ressortie tous les trois ou quatre ans et enterrée après un rapport qui explique que 1) économiquement, c'est une mauvaise idée 2) elle impliquerait des transferts entre entreprises qui mettraient la France dans la rue, salariés comme employeurs.
L'essentiel est dans les mesures d'allégement des charges sociales, la meilleure idée qu'on ait eu en France pour lutter contre le chômage des peu qualifiés. Bayrou a une bonne idée et une moins bonne. La bonne idée est de rendre les allégements plus efficaces en les concentrant sur les moins qualifiés. De fait, c'était le cas jusqu'à à la fin des années 90. Mais la couverture s'est beaucoup élargie aujourd'hui, de peur d'une "trappe à bas salaires" qu'aucune étude n'a réussi à mettre en évidence à ma connaissance. Le résultat, c'est qu'on subventionne des emplois dans une zone où le taux de chômage est faible. C'est effectivement une utilisation dispendieuse des fonds publics. Rexecode nous dit que cela détruira 230 000 emplois, mais je n'y crois pas une seconde. Il semble que cette prévision s'appuie sur un modèle macroéconométrique, ce qui n'est pas du tout adapté sur ce sujet.
Plus "gadget", et peut-être nuisible, l'exonération des charges sociales sur deux emplois. Je suppose que les micro-entreprises vont proliférer en France...effet d'aubaine aidant. En général, il est trop facile de manipuler ce genre de mesure-choc. Elle est parfois présentée comme une expérience temporaire visant à démontrer les vertus des exonérations. Pourquoi pas ? Mais il est toujours difficile d'extrapoler au vu d'expériences temporaires, dans ce cas en particulier. Je doute que les sceptiques puissent devenir des convaincus par ce biais.
L'autre point important à mon sens est la réforme du contrat de travail. Je me fatigue à chercher dans ce site ****, mais Bayrou avait clairement énoncé les choses au moment de la tragicomédie du CPE :
Nous croyons donc qu’il faut une nouvelle génération de contrats de travail, unifiant et simplifiant le maquis actuel, un CDI à droits progressifs, avec quatre éléments constitutifs, que la période d’essai soit raisonnable et clairement limitée, par exemple à six mois, que la rupture du contrat soit soumise à obligation de motivation, donc susceptible de recours, -les conditions économiques étant reconnues comme une cause réelle et sérieuse comme vient de le dire la chambre sociale de la cour de cassation-, que le droit à indemnité se renforce au fil du temps, que le droit à formation soit pris en compte.
Sur ce point, his heart is in the right place. The devil is in the details, of course... passer de l'intention à la pratique en ce domaine est extrêmement difficile, pour Bayrou comme pour Sarkozy---Royal ne semble pas tentée d'essayer.
Royal, maintenant. Augmentation du Smic, extension des 35 heures aux PME, emplois tremplins (on reprend le grand succès des emplois-jeunes et on recommence)...que des recettes gagnantes on le voit. C'est vraiment déprimant. Je voudrais bien avoir l'air de maintenir l'équilibre, mais c'est trop dur. Rexecode estime que l'augmentation du Smic (au-delà des ajustements légaux) coûtera 50 000 emplois---cela me semble plutôt dans le bas de la fourchette. Surnage la proposition de conditionner les cotisations sociales des entreprises à leur bilan en matière d'emploi, qui a des fondements sérieux mais dont j'ai du mal a attendre des effets importants.
On peut, si on est optimiste, espérer que la victoire (hypothétiquement) acquise, Royal nommerait DSK (par exemple) premier ministre et on oublierait ces idées destinées à flatter les militants. Avec encore un peu plus d'optimisme, ce tournant doctrinal se situerait entre les deux tours (si, etc.). L'ennui, évidemment, c'est que Royal porte la révolte des militanmts de base contre les éléphants du PS, et qu'elle n'a guère d'autre soutien. Si elle rejoint les éléphants, il ne lui restera plus grand'chose. Je suis donc plus pessimiste sur ce point.
On peut aussi prendre la reúnion des discours des différents dirigeants du PS et faire son marché dedans ; je suppose que je finirais par y trouver de quoi me satisfaire. Là encore, il me faudrait énormément d'optimisme pour espérer que le PS au pouvoir adopterait "mon" programme socialiste.
Ce dernier point s'applique aussi à Sarkozy, en un mode un peu mineur. Ses écarts sur "l'immigration et l'identité nationale" (quelle mouche l'a piqué ?) occupent plus le terrain en ce moment, mais il a un programme économique. D'abord, la détaxation des heures supplémentaires. Elle va très loin, puisque selon Rexecode le coût de l'heure supplémentaire pour l'employeur passerait assez nettement en-dessous de celui de l'heure "normale". Rexecode évalue ses effets à +70 000 emplois, sur la base d'un calcul assez curieux qui impute implicitement le chômage à une offre de travail insuffisante. Et après....plus rien ? Encore un bug, je suppose. Ce n'est pas tout à fait exact, mais le reste rappelle les mesures déjà entreprises (ou abandonnées) depuis 2002 : suivi du retour à l'emploi, et création d'un nouveau contrat du travail. Dans les deux cas, ce sont des directions utiles et importantes ; je l'ai dit plus haut à propos de Bayrou. Mais c'est plus la forme que le fond qui me gêne, au vu des points que Sarkozy a choisi d'accentuer dans ses discours. Il donne l'impression en ce moment que dynamiser la croissance et redonner confiance aux entrepreneurs" suffira à nous démouiser. Je pense que c'est insuffisant. En attendant, il passe plus du temps à s'engager dans des voies (fiscales ou politiciennes) que je n'approuve pas---si cela intéresse quelqu'un. Peut-être estime-t-il qu'il a déjà "fait la différence" sur le plan de l'emploi.
Curieusement, et malgré ce qui a été dit sur le flou du programme Bayrou, il me semble gagner ce comparatif. Royal n'est pas floue...malheureusement. Et d'autres jeux semblent plus intéresser Sarkozy , à ce stade tout au moins.
De plus, le modèle économétrique qui donne 230 000 destructions d'emplois à Bayrou est "en cours d'élaboration" à Rexecode.
A l'évidence ils vont devoir le faire retourner...
L'institut s'affiche clairement Sarkozyste quand on voit que ds le coût des programmes, il accorde 15 milliards d'"économies non spécifiés" au candidat UMP... mais pas aux autres ! Alors quand est-ce qu'il les spécifie??
Rédigé par : Nono Ladette | 21 mars 2007 à 04:57
merci à bernard de ces commentaires qui me semblent bienvenus, et sagement prudents...
j'avous avoir été plus que surpris par l'hypothèse rexecode sur le déficit de l'offre de travail à traiter via les heures supplémentaires, les modéles de cahuc mes emblent plus s'appliquer au "retour à l'emploi"
Rédigé par : francis | 21 mars 2007 à 05:40
juste une petite interrogation sur le programme de Royal; il y est question de "Moduler les aides aux entreprises et les exonérations de cotisations sociales en fonction de la nature des contrats de travail, et supprimer le CNE pour faire du CDI la règle"
J'avais entendu une intervention de Hollande sur ce sujet sur LCI (bien qu'il convienne de se méfier des écarts possibles entre Royal et le PS) qui présentait un contrat ressemblant fort à un CDI à droits progressifs accompagné d'un recentrage des exos de cotisation sur les bas salaires... Sur ce dernier point, le Revenu de Solidarité Active me semble conduire à une évolution forte de la répartition des exonérations en fonction des revenus (au delà des salaires...)
Sur les 35h, j'avais plutôt en tête "ouvrir les négociations pour déterminer comment on peut consolider cet acquis et réduire ses effets négatifs pour les ouvriers et les employés". Pas tellement précis,... mais pas non plus une généralisation (sur laquelle je crois me souvenir qu'elle était assez mesurée lors des débats télévisés internes au PS).
J'imagine qu'elle a en tête de faire un package contrats-temps de travail-SMIC-cotisations(-voire retraites?) lors de la grande conférence qu'elle annonce pour juin-juillet... ce qui n'est pas peut-être si idiot que ça si l'on pense que prises individuellement ces réformes ont de quoi rendre 250 millions de français mécontents alors que prises ensemble les termes de l'échange seront rendus plus manifestes...
L'optimum atteignable sera forcément moins bon mais il y a plus de chances de l'atteindre ;-)
Rédigé par : Fr | 21 mars 2007 à 08:12
Bernard,
Concernant les effets d'allègements des charges sociales sur les bas salaires, et sur les études montrant qu'ils peuvent créer des "trappes à bas salaires", vous en trouverez quelques unes ici:
http://www.univ-evry.fr/PagesHtml/laboratoires/Epee/EPEE/composition/ylhorty.htm
L'idée étant que plus le scope est large et plus le risque de générer des trappes est important...
Rédigé par : Olyvyer | 21 mars 2007 à 11:24
Fr: je m'appuie sur le site "Desirs d'avenir" (!).
http://www.desirsdavenir.org/index.php?c=sinformer_propositions
et sur le Pacte présidentiel. C'est assez limité, je l'admets. La plupart des propositions comprennent 2 ou 3 lignes. Sur les 35 h, le discours est a geometrie variable. Sur le contrat de travail, je doute que les electeurs entendent "faire du CDI la regle" comme "faire converger les diffreents contrats".
Olyvyer: L'idée n'est pas bien compliquée en effet...mais à mon sens, on en attend toujours une démonstration empirique crédible.
Rédigé par : Bernard Salanie | 21 mars 2007 à 13:40
En considérant que les cotisations sociales sont des revenus dus par l'employeur au salarié, une baisse des cotisations sociales est strictement équivalente à une baisse des salaires.
Vous me direz que tel est bien l'intérêt de la manoeuvre : avoir exactemement les mêmes conséquences pour l'employeur qu'une baisse de la rémunération de ses salariés : hélas, comme il n'y a rien de gratuit en ce bas monde, cette équivalence pour l'employeur se retrouve chez le salarié.
Pourquoi ne pas, plus simplement, mettre fin au monopole des caisses sociales ? Si effectivement l'état se range du côté du patronat contre les salariés, l'intérêt des citoyens est bien évidemment de rendre l'état incapable de les léser au profit des capitalistes.
Rédigé par : Passant | 21 mars 2007 à 17:11
Je suis heureux de constater qu’un autre économiste français de renom (vous-même :) déclare –au détour d’une phrase– s’inquiéter de la stratégie politique (pour ne pas dire de la personne) de Nicolas Sarkozy. Je le suis aussi, et beaucoup d’entre nous probablement.
Le programme socialiste est certes déficient du point de vue économique. Mais on pourrait rappeler une chose : le programme de Jospin à la présidentielle de 1995 était très favorable à une politique « raisonnable » de réduction des charges salariales. Or, on sait que son gouvernement n’a pas appliqué ce programme : les 35h ont été préférés du fait du poids politique d’une certaine gauche. Qu’en est-il aujourd’hui ? Le PS, sous la pression de cette « deuxième gauche » propose un programme destructeur d’emplois. C’est regrettable, mais la candidate aura à gérer, à l’issue de l’élection présidentielle, si elle est élue, une situation politique inédite : la seconde gauche est affaiblie (du fait même de sa désignation en tant que candidate, mais aussi de son indépendance revendiquée –on y croit ou pas– par rapport au PS). L’extrême gauche est microscopique, et le centre apparemment imposant. Quel sera alors son choix ? Appliquer à la lettre les recettes préconisées dans le programme du PS ? J’en doute. Il y aura forcément une remise à niveau : en accédant au pouvoir la gauche aura accès aux dossiers, les ministères vont se « débunkérisés » (c’est le cas aujourd’hui, il existe une vraie parano au sein des cabinets –notamment celui des finances– ce n’était pas le cas en 2002).
Rédigé par : la messe n'est pas dite | 22 mars 2007 à 10:47
La messe : je me demande dans quelle mesure le niveau historiquement bas de sympathie pour la gauche de gouvernement en France ne provient pas du fait qu'en effet, son intention semble se limiter à reprendre à son compte le bilan de Raffarin/Villepin et de mener une politique finalement très semblable à celle que mènerait l'UMP, mais sans doute plus mal d'une part, et en exonérant les fonctionnaires de leur quote-part de sacrifices auxquels devront par contre consentir le reste de la population.
Rédigé par : Passant | 22 mars 2007 à 14:08
Bonjour M. Salanié (et cher professeur, c'est l'occasion de (re)faire le fayot).
Vous partagez le jugement de nombre d'économistes sur les "2 emplois sans charges" de F. Bayrou :
"Plus "gadget", et peut-être nuisible, l'exonération des charges sociales sur deux emplois. Je suppose que les micro-entreprises vont proliférer en France...effet d'aubaine aidant. En général, il est trop facile de manipuler ce genre de mesure-choc."
A mon avis, ce jugement a le défaut d'être fondé sur la présentation "grand public", en deux phrases, de la mesure ; si on regarde la présentation "en quatre phrases", par exemple dans la fiche Emploi du site, F. Bayrou dit très explicitement qu'il s'agit d'une mesure "d'urgence" destinée à démontrer la possibilité de créer de nombreux emplois pour peu qu'on réforme les charges sociales (car la France est bel et bien, avec la Belgique, le pays où le plus fort % des charges sociales pèse sur l'emploi - données 2004 si mon souvenir est bon).
Si la mesure est concentrée sur une période assez brève et, par exemple, réservée aux entreprises préexistantes (avec ou sans salariés), les effets d'aubaine stricto sensu seront très limités.
Rédigé par : FrédéricLN | 23 mars 2007 à 03:02
Suite ! si je peux me permettre de résumer sous ma propre responsabilité les mesures "charges sociales" proposées par F. Bayrou, en langage plus économiste que grand public, ça donne :
"* à court terme, à prélèvement à peu près constant, concentrer les allègements de charges sur les PME, les bas salaires et les emplois nouveaux ;
* à moyen terme, transférer plusieurs dizaines de milliards d'euros de charges sociales vers d'autres bases (notamment fiscalité écologique, et TVA et/ou CSG)."
Rédigé par : FrédéricLN | 23 mars 2007 à 03:09
Heureux d'entendre dans la bouche d'un militant UDF confirmation du fait que le volet emploi/social du programme de l'UDF consistera à promouvoir des transferts financiers massifs des travailleurs (l'argent des caisses sociales étant destiné à leur rendre des services) vers leurs employeurs, au plus grand profit des capitalistes propriétaires de leurs entreprises.
Rédigé par : Passant | 23 mars 2007 à 07:49
A propos du progamme de S. Royal, j'ai entendu Michel Didier dire, lors d'une interview radiophonique, que la création d'un emploi-tremplin, qu'il assimilait à une emploi public, entraînait la destruction d'un, voire un et demi emploi privé. Le site de Rexecode semble beaucoup plus prudent : "A plus long terme, le prélèvement fiscal nécessaire détruit des emplois privés, le solde final étant probablement négatif". J'aurai souhaité avoir votre avis : sur quels éléments sérieux peut se fonder ce genre d'affirmation ?
Le gouvernement de Tony Blair ayant créé massivement des emplois publics sans que le niveau de l'emploi privé n'en souffre, cela signifie-t-il que, pour Rexecode, "Vérité en deçà de la Manche, erreur au-delà"?
Rédigé par : Melanchthon | 23 mars 2007 à 09:13
A propos du progamme de S. Royal, j'ai entendu Michel Didier dire, lors d'une interview radiophonique, que la création d'un emploi-tremplin, qu'il assimilait à une emploi public, entraînait la destruction d'un, voire un et demi emploi privé. Le site de Rexecode semble beaucoup plus prudent : "A plus long terme, le prélèvement fiscal nécessaire détruit des emplois privés, le solde final étant probablement négatif". J'aurai souhaité avoir votre avis : sur quels éléments sérieux peut se fonder ce genre d'affirmation ?
Le gouvernement de Tony Blair ayant créé massivement des emplois publics sans que le niveau de l'emploi privé n'en souffre, cela signifie-t-il que, pour Rexecode, "Vérité en deçà de la Manche, erreur au-delà"?
Rédigé par : Melanchthon | 23 mars 2007 à 09:39
Sur les charges sociales : elles representent un impot sur le facteur travail, et creent un "coin" entre le salaire net (ce qui revient au travailleur) et le cout de l'emploi (que debourse l'employeur). Comme tous les impots, elles tirent le premier vers le bas et poussent le second a la hausse. Ce second effet est d'autant plus faible que la demande de travail (par les employeurs) est plus sensible au cout du travail que l'offre de travail (par les travailleurs) n'est sensible au salaire net---si si, c'est limpide. Comme l'offre de travail est nettement moins reactive que la demande de travail, une hausse des charges sociales est assez largement absorbee par le salaire net *a condition qu'il puisse effectivement s'ajuster a la baisse*. Dans le cas contraire, le cout pour l'employeur doit augmenter a due concurrence, ce qui reduit sensiblement la demande de travail et donc l'emploi.
C'est ce dernier point qui motive toute la politique d'allegement des charges sociales. Abaisser les charges sociales aurait pour effet essentiel d'accroitre le salaire net des travailleurs, avec des effets faibles sur le cout du travail, s'il n'y avait un salaire minimum. L'existence du Smic implique que pour les categories peu qualifiees, abaisser les charges reduit le cout du travail et stimule donc la demande de travail.
* sur les deux emplois : on ne demontre pas grand chose avec des mesures temporaires...surtout si les emplois crees peuvent aussi etre temporaires.
Rédigé par : Bernard Salanie | 23 mars 2007 à 09:45
Un autre impôt sur le travail qui pourrait être supprimé pourrait être les 100.000.000.000 € d'aides aux entreprises (soit 2.800 €/salarié, soit 4% du PIB), provenant généralement du budget de l'Etat, dont le Conseil d'Etat signalait l'éparpillement et dont le coût est comparable à ce que rapporte l'impôt sur le revenu en France.
Les syndicats de PME ont d'ailleurs signalé qu'ils préfèreraient une remise à plat de ces aides, dont la simple gestion doit déjà côuter entre 12 et 20%, mais à défaut accepteraient leur disparition.
Rédigé par : Passant | 24 mars 2007 à 01:54
Il est encore une fois curieux de voir DSK se faire tresser une couronne de lauriers (le trait est exagérement forcé pour les besoins de ma critique, je le concède volontiers). Les decriptions faites ici et ailleurs d'un socialiste raisonnable,sensible aux questions économiques,moderne,...me laissent de plus en plus perplexe. Si l'on veut chercher un vrai responsable pour l'aventure des 35 heures, je ne crois pas qu'il faille aller plus loin que l'ancien ministre des finances du gouvernement Jospin et surtout rédacteur du projet économique socialiste pour les élections législatives de 1997. Permettez-moi donc de tempérer quelque peu votre optimisme quant à son hypothétique nomination à Matignon. Mes excuses pour ce commentaire assez plus politique qu'économique mais bon...
Rédigé par : Mehdi Koudjeti | 24 mars 2007 à 14:18
@ B. Salanié : " sur les deux emplois : on ne demontre pas grand chose avec des mesures temporaires...surtout si les emplois crees peuvent aussi etre temporaires."
Soit, mais justement, une condition posée par F. Bayrou est que ces emplois soient en CDI, et l'avantage de la mesure est d'étaler l'aide sur 5 ans (au lieu d'être une prime à la création, difficile à reprendre en cas de suppression).
@ Passant "le volet emploi/social du programme de l'UDF consistera à promouvoir des transferts financiers massifs des travailleurs (l'argent des caisses sociales étant destiné à leur rendre des services) vers leurs employeurs"
Tout ce qui est excessif est insignifiant, mais là ça fait deux sophismes en deux lignes, bravo.
a) L'argent des caisses sociales restera évidemment destiné à rendre des services - mais si vous regardez mieux, vous verrez que ce n'est pas seulement aux travailleurs (dans les hôpitaux, il y a aussi des retraités, des étudiants, des mères au foyer, des nouveaux-nés ...).
b) Il ne s'agit évidemment pas de prendre de l'argent aux travailleurs, mais au contraire de permettre une augmentation 1) de l'emploi (donc de la masse salariale), 2) des salaires nets.
Rédigé par : FrédéricLN | 25 mars 2007 à 05:18
Il donne l'impression en ce moment que dynamiser la croissance et redonner confiance aux entrepreneurs" suffira à nous démouiser. Je pense que c'est insuffisant.
En tant que lecteur lambda je serais intéréssé que vous approfondissiez ce point -ou quelqu'un d'autre.
merci (si vous répondez)
Rédigé par : Lamdalecteur | 25 mars 2007 à 17:31
cher monsieur salanié, pourriez-vous expliquer pour qui vous allez voter?
ce post pourrait etre plus personnel et non purement scientifique...
Rédigé par : f | 27 mars 2007 à 01:03
FrédéricLN: Je vous remercie de votre jugement de valeur. Libre à vous de croire que l'UDF a trouvé la recette de transmutation du vent en or, du repas gratuit et de la prospérité par l'espoir.
Vous faites remarquer, à juste titre, que de longue date, les cotisations sociales, c'est à dire, l'argent versé aux caisses de solidarité par les employeurs en contrepartie du travail de leurs salariés, est également employé par l'état à d'autres fins, cet état de fait justifiant la qualification d'impôt d'un tel prélèvement (les règles par lesquelles l'état réaffecte la destination des cotisations sociales ne faisant pas réellement l'objet de décisions au sens juridique du terme, restant, pour l'essentiel, de simples décisions de gestion des administrations concernées).
Il s'avère désormais, ce qui se conçoit, qu'à force de toujours tondre le même mouton tout en élargissant le nombre et le diamètre des bouches à nourrir que tôt ou tard, le mouton, malgré ses notables progrès de productivité, devient maigre.
Vous pouvez tourner le problème dans tous les sens : réduit à sa dimension comptable, une gestion de caisse geste une gestion de caisse.
Rédigé par : Passant | 27 mars 2007 à 02:09
Je crois avoir compris que cette question vous lasse, et j’ai vu que vous aviez écrit à ce sujet dans d’autres articles de ce blog, mais je ne vois toujours pas l’évidence.
En quoi imposer les revenus du capital constitue-t-il une double taxation ?
Je comprends bien qu’il y a équivalence entre taxer le capital et taxer les revenus du capital, à condition de choisir le taux de taxation approprié.
Je vois bien que le capital accumulé est un capital accumulé après taxation des revenus du travail. Mais je ne vois pas pourquoi les revenus du capital ne devraient pas être taxés.
En l’occurrence, je ne comprends pas ce qui empêche théoriquement 1) de mettre en place un impôt progressif sur les revenus financiers comparable à celui qui s’applique aux revenus du travail, et 2) de financer la protection sociale par l’impôt. Il me semble que c’est ce vers quoi M. Bayrou tend lorsqu’il propose de ne pas faire porter au seul travail les charges de protection sociale.
Pour ce qui est de l’ISF, je conçois que s’il s’applique au capital qui a produit les revenus financiers taxés, il y a double taxation. En revanche, si l’ISF s’applique à du capital qui produit un revenu implicite, non taxé, comme une résidence, il n’y a pas double taxation à mon sens : si je suis propriétaire de ma résidence principale, je perçois un revenu implicite, le loyer que je n’ai pas à payer ; pourquoi ce revenu ne serait-il jamais taxé ?
Rédigé par : Basile | 27 mars 2007 à 06:43
Bonjour !
AVEZ VOUS UN AVIS QUANT A LA tva "SOCIALE" ?
Il semble que l'Allemagne en augmentant, ces mois derniers, le taux de la TVA ait lançé une nouvelle mode ou bien ait ouvert un nouveau chemin que les politiques et économistes français vont sans doute arpenter...
Rédigé par : JCJD | 28 mars 2007 à 16:47
Bonjour,
Si j'ai bien lu votre article, la démonstration empirique sur l'emploi se base sur des cas antérieurs dans des configurations macro-économiques différentes (en même temps c'est la base de la démonstration économique). Mais je m'interroge sur la capacité des modèles économétriques à prendre en compte des facteurs par essence incalculable (à moins de développer des modèles mathématiques personnalisée et additionné --> impossible dans nos modestes limites actuelles).
Alors ma question est la suivante : comment peut-on scientifiquement détailler ex ante une réalité dont les paramètres majeurs (taux de croissance et situation internationale) nous est difficilement analysable ?
Ce questionnement intervient concernant vos critiques à l'égard du programme de Ségolène Royal qui s'inscrit dans des hypothèses claires sur ce sujet c'est à dire un taux de croissance de 2.5 à 3 % basée sur les résultats de la législature Jospin et sur une précision des paramètres qui est beaucoup plus affiné que vous ne semblez l'exprimez en balayant par raccourcis (involonaires) des mesures qui sont beaucoup plus valide économiquement qu'on ne le croit.
Juste une requête : sortons une minute des paradigmes dominants et du sens commun économique qui détruit toute capacité de questionnement tendanciellement objectif (et surtout intéressant) sur les programmes économiques des candidats !...à moins que la perspective économétrique ne donne le sentiment d'une implacable vérité largement fallacieuse mais dotée d'une cohérence qui fait autorité.
Rédigé par : Etudiant parisien curieux | 29 mars 2007 à 05:43