Ma Photo

En exergue :

  • Frank Ramsey, "Truth and Probability" (1926)
    The highest ideal would be always to have a true opinion and be certain of it; but this ideal is more suited to God than to man.
  • Jules Bertaut, "1848 et la Seconde République" (1937)
    L'enthousiasme est pour rien chez nous : aussi les Français, peuple avare par excellence, le répandent-ils avec une générosité qui n'a d''egale que leur versatilité.
  • Turgot, lettre à Du Pont (1773)
    C’est au public lisant et réfléchissant qu’il faut parler, c’est à lui qu’il faut plaire, lui et lui seul qu’il faut persuader ; toutes les flagorneries aux gens en place, tous les petits détours dont en s’enveloppe pour ne pas les choquer sont une perte de temps écartant du vrai but et ne réussissant même pas à faire sur eux l’impression qu’on s’est proposée.

Recherche Google


Inscrivez-vous à ma newsletter

Powered by
FeedBurner

Blogs recommandés

Blog powered by Typepad

Merci à StatCounter


« Un nouveau Platon... | Accueil | Nouvelles révélations sur l'indice des prix »

Commentaires

Golfeur

"la qualité d'une politique économique joue un rôle central dans les joutes électorales, et comment l'évaluer s'il n'existe plus de chiffres unanimement respectés ? "

Comment imaginez-vous que puissent être respectés des chiffres qui prétendent que les locataires célibataires fumeurs chômeurs sont comparables aux propriétaires chefs de famille cadres administratifs en province ? Les chiffres de l'INSEE sont tout aussi ridicule de par leur prétention selon laquelle il existerait une norme nationale qu'à leur remarquable défaut qui consiste à superbement ignorer l'interpénétration des économies de la zone euro.

Le marin shaddock le disait déjà en son temps : "pour faire le moins de mécontents possibles, il faut toujours taper sur les mêmes." : les précaires avaient jusqu'alors l'immense mérite de peu voter : mais puisque l'un des enseignements du référendum du 29 avril est qu'ils restent capables de se mobiliser à l'occasion de trop grandes vagues de révolte, il s'agit désormais de les apaiser à n'importe quel prix.

EL

Il y a tout de même un problème. Le seul événement pouvant justifier l'explication psychologique est l'introduction de l'euro. Et en effet, le graphique accompagnant la note du Cnis montre clairement une inversion de l'évolution de la perception subjective de la situation financière des ménages au début de l'année 2002. Mais comment expliquer la persistance de cet effet sur plus de quatre ans? Pire : si on accepte l'idée d'une certaine persistance de cet effet, comment expliquer le retournement ponctuel de 2004, suivi d'une nouvelle baisse de ce solde d'opinion? L'effet euro aurait momentanément disparu, pour réapparaître ensuite? Voilà qui est assez peu crédible.

Vous rappelez très justement, à propos de la définition des "dépenses obligées" (question en effet cruciale), "qu'aucune procédure pleinement satisfaisante ne peut faire émerger un indice de ces idées si plus de deux possibilités sont ouvertes". Et vous en concluez qu'il est "bien préférable de s'en tenir à une méthodologie éprouvée, abondamment documentée par l'Insee sur son site, et contrôlée régulièrement par le CNIS." Cette conclusion là me semble un peu rapide. Ce n'est pas parce que les instruments des économistes sont impuissants à saisir un phénomène qu'il n'existe pas, et le caractère douteux l'hypothèse psychologique semble bien signaler qu'il y a bien un phénomène réél. Il s'agit alors de poursuivre la réflexion sur les instruments et non de nier la maladie au motif que le thermomètre n'est pas au point (A titre de parenthèse épistémologique, plus j'avance dans ma jeune carrière, moins j'ai tendance à rejeter a priori les connaissances empiriques communes, qui m'amènent souvent à remettre en question la pertinence de mes méthodes de mesure).

Il est possible que la solution du problème réside dans le fait que se sont les plus modestes qui sont les plus touchés par l'évolution des prix de l'immobilier, de l'énergie, du tabac et de l'alimentation. Certes, ces évolutions ne sont peut-être pas considérables, elles ne se chiffrent peut-être qu'en dizaine d'euros. Mais rien que ça, c'est énorme pour un smicard. Les "différences assez mineures" que vous constatez entre les grandes catégories sociales ne sont peut-être mineures qu'à vos yeux.

D'autant que ces "différences mineures" ne le sont pas toujours, objectivement. Si l'on reprend votre exemple du loyer, l'INSEE indique une pondération de 6% en moyenne du loyer des ménage, mais cette pondération peut être sans peine, en effet, de 30% pour les plus modestes (quand elle n'est pas de 50%). La contribution à l'inflation est alors déjà de 1,5%. Pour eux, c'est peut-être beaucoup.

Bien cordialement,

EL

Laurent GUERBY

Je n'ai pas trouvé les relevés périodiques de prix et autres informations qui servent à l'INSEE pour calculer les indices, sont-ils disponibles ?

Plutot que de jouer au gentils économistes vs les méchant politiciens, cela me semblerait une solution simple : on compte sur le sérieux des fonctionnaires de l'INSEE sur la donnée brute, et on laisse le marché librement produire ces indices agrégés, la concurrence fera le reste.

Non ?

En facilitant la transparence cela aussi permettrai aux participants du marché du travail d'avoir plus d'information de qualité sur les différences géographiques et donc d'être plus efficace et augmenter la croissance.

Hadjian

N. Sarkozy n'est pas en reste sur Ségolène : "Dire la vérité aux Français, c'est reconnaître que l'introduction de l'Euro a brouillé les repères monétaires et qu'il s’est bel et bien accompagné d’une forte hausse du coût de la vie et d’une chute du pouvoir d’achat. Cela ne s’est peut être pas vu dans les statistiques de la Banque Centrale mais cela s’est senti dans les porte-monnaie de tous les Français. Je suis un homme politique qui veut parler de la vie réelle des français pas de la vie virtuelle." (22 juin Agen)
Au passage il devrait expliquer comment la consommation des ménages peut continuer à croître avec un pouvoir d'achat qui baisse (on peut rétorquer que les chiffres de la consommation sont EGALEMENT truqués mais on tombe là dans une dangereuse paranoïa). Sur le fond il est extrêmement difficile même pour un particulier de connaître ses PROPRES PONDERATIONS sauf à s'astreindre à des relévés fastidieux. De plus chacun est plus sensible aux hausses de prix qu'aux baisses (considérables pour certains biens manufacturés : habillement audio-visuel ordinateurs...).

steph

Quotidiennement, ce qui a tendance à foutre le moral en l'air, c'est le prix du pain, du café noir au bar d'en bas, du ticket de bus/métro/RER et du prix de l'essence... qu'en est-il de la variation de leur prix ? De plus, tout irait bien si on avait l'impression que les salaires suivent (en l'occurence, les bas salaires, ceux qui ont le moins de marge de manoeuvre), est-ce le cas ? (je me fais l'avocat du diable, mais suis curieux de connaître les données statistiques à ce sujet)
ps : si les stats sur le pain sont réalisées sur le prix de la baguette "de base", il serait bon de revoir le critère... c'est le genre de produit aujourd'hui qui pousse à prendre un pain plus cher... mais nettement meilleur (et encore...)
ps2 : typiquement, je me souviens d'avoir payé moins d'1FRF pour une baguette qd j'avais 10 ans (il y a 20 ans)... aujourd'hui, c'est au minimum 1 euros... Pourtant, je n'ai pas remarqué que les salaires aient été multiplié par 6,55957... où est l'erreur ?

Cyril

mais bien sûr que l'inflation est sous-évaluée! le panier de produit utilisé n'est pas en phase avec la consommation des ménage. (ex: le shampoing 2 en 1 est en train de remplacer le shampoing simple).

Etienne LEHMANN

Merci Bernard pour ce billet très éclairant,… et pour les liens internet. Je suis surpris que l’effet « logement » joue si peu. Je me permets à ce titre de poser deux questions.

1) Les loyers ne « pèsent » que 6% dans le budget des ménages. Dans quelle mesure ce résultat dépend du fait que les frais qu’engagent les propriétaires dans l’acquisition de leur logement (remboursements d’emprunts, CEL, …) sont considérés par la comptabilité nationale comme des investissements et non comme des dépenses de consommation ? Ma conjecture est que cette question de convention (les frais des logements des propriétaires doivent-ils être inclus comme de la consommation ou de l’investissement) peut fortement contribuer à expliquer la différence entre ce que mesure rigoureusement l’INSEE sur la base de conventions de comptabilité nationales qui sont partagés par les grands pays (et qui ont à ce titre l’immense mérite d’être comparables dans le temps et au niveau international) et ce que l’opinion publique perçoit. Si de surcroît les locataires sont concentrés dans les tranches de revenus inférieurs, on comprend alors comment il est possible d’avoir simultanément des locataires ayant un coefficient budgétaire « logement » aussi élevé que 30% et un coefficient budgétaire moyen sur l’ensemble de la population de 6%.

2) Dans quelle mesure l’augmentation du coût du logement que tu indiques n’est pas sous-estimée. Je décline ma question en deux.

2a) Est-ce que l’évolution des loyers mesurée par l’INSEE prend également en compte les augmentation de loyer pour un même logement lorsque le locataire change ?

2b) Dans quelle mesure les prix d’achat des logements n’ont pas davantage augmenté que les loyers ?

Etienne LEHMANN

econoclaste-alexandre

Pour le 2b), il ne faut pas oublier que la baisse des taux d'intérêt fait qu'on peut acheter un logement plus cher avec la même mensualité et la même durée d'emprunt. Prendre l'évolution de la valeur marchande des logements sans prendre en compte l'effet de la baisse des taux d'intérêt conduirait à une surrévaluation de la hausse.

federbusch

Certes, certes ...

Le problème est qu'à ma connaissance l'indice INSEE considère que le prix des produits informatiques et télécoms baisse fortement du fait de l'augmentation des capacités de calculs et de mémoire offertes au même prix alors que ces prix ne baissent pas "facialement". Dans ces conditions, le sentiment populaire de haussse des prix est forcément plus important que la hausse INSEE d'autant que ce ne sont pas tous les ménages qui consomment ce type de produits et que leur pondération dans l'indice global a tendance à augmenter.

Serge FEDERBUSCH

Golfeur

"Prendre l'évolution de la valeur marchande des logements sans prendre en compte l'effet de la baisse des taux d'intérêt conduirait à une surrévaluation de la hausse."

Quelles sont les règles applicables en comptabilité analytique normée telle qu'appliquée par les grandes entreprises cotées, par exemple, aux USA ?

Bernard Salanie

Plusieurs réponses :
* l'Insee ne "prétend" pas, à ma connaissance, que les prix augmentent de la même façon pour tous les ménages... il dit, en revanche, que si on classe les ménages en grandes catégories, les différences sont (relativement, j'accepte volontiers l'amendement) peu importantes. Mais si on raffine plus, les différences seront énormes bien sûr.
* un exemple : l'informatique. L'Insee, comme tous les producteurs d'indices dans le monde, essaie de contrôler pour l'"effet qualité". Si en 2000 un ordinateur a 1 GHz, etc valait 2000 euros et un ordinateur de performances doubles (2 GHz, etc) en valait 5000, alors si pour 2000 euros en 2005 on arrive à acheter le modèle à 2 GHz, l'Insee dira que le prix a baissé de 60% ((5000-2000)/5000). Evidemment, si plus personne ne veut acheter le modèle à 1 GHz en 2000, cela peut paraître un peu formel à certains. Mais que faut-il faire ? Dire que le prix est resté stable ? Le résultat, c'est qu'un "geek" style rue Mongallet qui consacre la moitié de son budget à l'informatique voit "son" indice de prix baisser rapidement. Je pense quant à moi que cela capture, imparfaitement sans doute, un phénomène réel. Mais évidemment, si le but de chacun est de faire mieux que son voisin, alors l'indice des prix devient un concept un peu ambigü...
* le cas des loyers est complexe. Voici quelques chiffres. Le paiement du loyer représentait en 2002 (date de la dernière enquête Logement publiée) 20% du revenu des locataires en moyenne (+6% pour les charges, enregistrées sur un autre poste, -4% pour les aides au logement qui ne figurent pas dans l'indice de prix). Un peu plus de 40% des ménages Français louent leur logement ; on arrive à 8% du revenu, soit environ (taux d'épargne de 15%, et il y a les impôts, je simplifie) 9% de la consommation. Mais les locataires sont moins riches que les propriétaires, et donc leur part de la consommation des ménages est plus faible... le chiffre de 6% n'est donc pas absurde. Il est exact que pour, disons, le quart de ménages les moins riches, qui sont plus souvent locataires et consacrent effectivement un tiers de leur revenu au loyer, le chiffre serait plus proche de 20-25%.
* l'Insee ne publie pas les relevés de prix : ce serait une très forte incitation à la manipulation. Si les boulangers savaient où les relevés de référence sont faits, il leur serait facile de maintenir le prix de la baguette très bas et de paraître vertueux...et comme chacun sait,
"It is not from the benevolence of the butcher, the brewer, or the baker, that we expect our dinner, but from their regard to their own interest. We address ourselves, not to their humanity but to their self-love, and never talk to them of our necessities but of their advantages."
(The Wealth of Nations, Book I Chapter II)

Sur ce, je me refuse à me spécialiser dans l'explication de l'indice de prix...et j'encourage chaudement l'Insee à faire un effort dans sa communication avec le grand public sur ce point crucial.

(Etienne, les reponses a 2a et 2b sont oui et oui).

Denys

La contestation de l'IPC n'est pas neuve, et Jean-Paul Piriou rappelait dans son Repères/La Découverte, épuisé mais dans toutes les bibliothèques, comment, voilà un paquet d'années, la CGT s'y prenait pour grossir le trait lors de la publication de son propre calcul, qui visait un but précis : exiger une plus forte hausse des salaires calculés sur la base de l'indice. On pouvait compter sur le pouvoir politique de l'époque pour récuser cette approche.

Ce qui a changé, aujourd'hui, c'est que cette contestation-là est le fait d'une organisation précise, UFC-Que Choisir, qui, dans la concurrence que se livrent en France des organisations consuméristes à la fois plus nombreuses qu'ailleurs en Europe, et se partageant un marché plus étroit, dissimule sa stratégie personnelle sous le masque de la défense de l'intérêt commun, puisque tout le monde consomme, et que, aujourd'hui, les politiques cédent à ses exigences.
Dans Faire l'opinion, Patrick Champagne expliquait comment les journalistes, à l'aide des sondages politiques qu'ils commandent, contestaient la légitimité des élus en présentant les résultats de ces sondages à la fois comme scientifiques, et comme plus actuels que le vote. Que Choisir et d'autres organisations du même type, toutes très bonnes clientes des journaux télévisés, fonctionnent de la même façon, en revendiquant une légitimité que leur donnerait l'opinion publique, entre autres par le biais des sondages, et qui leur permet ce paradoxe de dénoncer comme antidémocratique la position d'élus qui n'iraient pas dans leur sens.
La question de la contestation de l'indice, et de la manière dont les politiques préfèrent sacrifier l'INSEE à la démagogie, et je regretterai toujours de ne pas avoir été une petite souris dans les couloir de l'INSEE pour saisir l'ambiance lors de la création du chariot-type, en somme, est plus sociologique qu'économique.

IHMN

J'en ai vraiment marre que nos politiciens mettent toujours tout sur le dos de l'Union Européenne! Sans déconner, dès que quelque chose ne va pas, on entend "c'est à cause de l'Union Européenne avec leurs directives", "nous on aimerait bien faire ça, mais l'Union Européenne nous lie les mains".

Quand on sort de France, on voit plein de projets où c'est marqué en bien gros : "financé à telle hauteur par l'Union Européenne", il y a les mêmes projets en France mais on ne semble pas le voir.

Golfeur

Pourquoi l'INSEE choisit-elle de ne pas tenir compte de la variation de valeur du patrimoine immobilier des particuliers (au motif ou non de la variabilité du coût de financement de l'acquisition) alors que la règle comptable prévoit une (règle complexe de) prise en compte de cette variation de valeur dans le calcul des bilans financiers des entreprises (alors que cette variabilité du coût de financement de l'acquisition existe également pour les entreprises) ?

Bernard Salanie

Golfeur, il ne faut pas tout mélanger...les plus-values, latentes ou réalisées, n'ont rien à voir avec un indice des prix ! La question est celle de leur inclusion ou non dans la définition du "revenu". L'Insee n'a pas grand'chose à voir là-dedans. En théorie, il serait sans doute préférable d'utiliser la définition du "revenu compréhensif" de Haig-Hicks-Simons---ca ne date pas d'hier---qui ajoute les variations de valeur du patrimoine au "revenu disponible", et en retranche la dépréciation de tous les actifs aussi (y compris celle de votre ordinateur et de votre frigidaire...) En pratique, aucun pays au monde ne le fait à ma connaissance, sauf dans des "comptes de patrimoine" qui restent assez expérimentaux.

Golfeur

Si l'indice des prix n'a rien à voir avec les "plus values, latentes ou réalisées", quel rapport y-a-t-il entre l'indice des prix et le train de vie des individus, lequel dépend notamment très directement des "plus values latentes ou réalisées" ?

Je ne contredis nullement l'utilité de quelque indice que ce soit à quelque fin scientifique que ce soit : mais puisque vous vous demandiez "Comment peut-on expliquer la divergence entre les perceptions des Français et l'inflation mesurée ?" j'imagine que le fait que "les plus-values, latentes ou réalisées, n'ont rien à voir avec un indice des prix" constitue une explication suffisante d'une part, et aide à comprendre l'intérêt certes politique et non pas économique de construire des indices ne répondant certes à aucune question économique, mais à des questions tout simplement politiques.

Bernard Salanie

Pouvoir d'achat=revenus/prix ; l'indice des prix à lui seul ne peut pas rendre compte de l'évolution du pouvoir d'achat. Mais je constate que ce point simple n'est pas bien compris, autre suggestion pour les spécialistes de l'Insee...

Laurent GUERBY

Denys, c'est l'INSEE qui choisit elle-même le sacrifice en ne publiant pas les données détaillées. Je trouve extraordinaire de mettre ça sur le dos du politique, ils ne font que profiter de l'aveuglement des "experts" qui est la véritable source du problème.

Golfeur

Laurent Guerby: aux dernières nouvelles, l'INSEE, simple administration, est entièrement subordonnée au politique. Ce qu'elle fait est ce qu'on lui demande de faire, ce qu'elle ne fait pas est ce qu'on omet de lui demander de faire.

Et puisqu'il est impossible au seul constat d'une insuffisance de distinguer le machiavélisme de l'incompétence, c'est l'exécutant qu'on pardonne et le donneur d'ordres qu'on blâme.

Laurent GUERBY

Golfeur, donc les chiffres de l'INSEE sont faux car décidés par les politiques, CQFD.

Pour information, le CNIS a été crée en 1951... Un bon mot de son président prononcé en mai dernier :

"
La question des rapports entre la statistique et le pouvoir politique ne date pas d’aujourd’hui. Elle est récurrente et encore aujourd’hui, nous sommes en période de tension. Pour l’illustrer, on peut citer un ministre de l’économie et des finances qui, à une période de nationalisations, disait “il faudrait aussi nationaliser l’Insee !”.
"

Bref, s'il n'y a pas publication des données brutes, il y a de très fortes chances que cela vienne des économistes de l'INSEE et pas d'un blocage des politiques (qui il est vrai ne poussent pas non plus a la publication actuellement)

Bernard Salanie

http://www.insee.fr/fr/indicateur/indic_cons/info_ipc.htm


Les statisticiens de l'Insee gardent confidentiels non seulement les relevés, mais également les 1000 variétés de leurs 200 groupes. Tous les statisticiens europeens font de meme, les americains aussi :

http://www.bls.gov/cpi/cpifaq.htm

Il y a d'excellentes raisons a cela ; qu'arrivera-t-il au prix des pains au chocolat (et notamment du pain au chocolat de M. Schmurgl a Redon) le jour ou l'Insee revelera qu'il suit ce prix---pure hypothese ? Il perdra toute credibilite et vous serez les premiers a vous plaindre que l'Insee fait n'importe quoi ! La transparence n'est pas toujours la meilleure strategie, lisez Tom Schelling :-)

Golfeur

Laurent Guerby : Je vous remercie de m'offrir l'occasion de répondre une seconde fois à Bernard Salanié.

Le fonctionnement d'une République a normalement plus à voir avec celui d'une firme que celui d'une MJC : cela implique qu'entre entités appartenant statutaires à la République (l'INSEE étant une institution publique) les rapports sont hiérarchiques. Donc, si l'INSEE est en désaccord avec son autorité de tutelle, elle doit se soumettre ou se demettre. L'autorité qui tolèrerait quelque autre comportement que ce soit répond (ou, du moins, engage sa responsabilité) de son inaction à ceux desquels elle tire son autorité. Lorsque cette autorité est l'autorité publique, le fait de laisser partir vers une entité illégitime, fût-elle ou non subordonnée, le pouvoir qu'on a reçu soi-même légitimement est très précisemment ce qu'on nomme la "haute trahison".

Donc si, comme vous le suggérez, l'INSEE est un électron libre, c'est aux autorités politiques qu'il convient de demander des comptes sur cet état de fait, et pas à l'INSEE (ceci ne lui interdisant pas par ailleurs de s'expliquer sur d'éventuels différents avec son autorité de tutelle sans pour autant y être contraint de quelque manière que ce soit).

Laurent GUERBY

Bernard Salanié, si l'indice des prix calculé dépends de manière majeure du prix du pain au chocolat à Redon, alors il est nécessairement de qualité médiocre.

Sinon Thomas Schelling a écrit beaucoup de choses :). Quels articles sont pertinents ici ?

Golfeur, je suis d'accord que les politiques peuvent forcer la politique de l'INSEE sur les données publiées, mais l'INSEE à déja le pouvoir de le faire.

Liberal

Je sais qu'il est mal élevé de mettre en cause les avantages acquis mais il me semble qu'un autre événement s'est produit au début des années 2000 qui pourrait expliquer une perception de perte (ou de moindre hausse) de pouvoir d'achat. Je pense, bien entendu aux 35h.

Comme le précise justement Bernard, Pouvoir d'achat=revenus/prix.

Les 35h ont augmenté les coûts salariaux. Oui, cette augmentation des coûts a été compensée par des subventions au début, mais après 2 ou 3 ans, il n'y a plus de subvention et les augmentations de salaires sont toujours là.

Steph dit "Quotidiennement, ce qui a tendance à foutre le moral en l'air, c'est le prix du pain, du café noir au bar d'en bas, du ticket de bus/métro/RER et du prix de l'essence... qu'en est-il de la variation de leur prix ?" Le prix du pain à la boulangerie et du café au bar dépendent essentiellement du coût de la main d'oeuvre (la farine et la levure coûtent moins de 5% du prix). A la RATP, 50% des charges (et 150% des revenus commerciaux, mais c'est un aurte débat) sont des frais de personnel. Les 35h, en renchérissant les coûts salariaux, sont donc directement responsables de la forte augmentation de 3 des 4 articles mentionnés. Le dernier (l'essence) a aussi fortement augmenté, mais les 35h n'y sont pour rien.

Par ailleurs, les 35h ont entraîné une nette baisse des augmentations de salaires dans les années qui ont suivi leur mise en place. Quand on reçoit 11,4% d'augmentation d'un coup, il ne faut pas s'attendre à garder ses 3% par an dans les années qui suivent.

Résultat des courses, les 35h ont eu un double effet négatif sur le pouvoir d'achat réel et perçu : par pression sur les salaires et par une hausse des prix de biens à forte composante de main d'oeuvre.

L'euro est arrivé à point nommé pour brouiller les pistes et servir de bouc émissaire idéal. Mais si la France est la seule à avoir mis en place les 35h, elle n'est pas la seule à être passée à l'euro. Nos amis Européens ont ils connu le même phénomène d'inflation perçue? Je sais que l'Italie a eu de tels débats, mais j'aurais tendance à mettre ça en grande partie sur le compte de la campagne europhobe de Berlusconi. Les autres?

Emmanuel

"Oui, cette augmentation des coûts a été compensée par des subventions au début, mais après 2 ou 3 ans, il n'y a plus de subvention et les augmentations de salaires sont toujours là."

Au contraire. Les exonérations de cotisations sociales ont même été généralisées à toutes les entreprises (qu'elles soient ou non passées aux 35 heures) par la loi Fillon du 17 janvier 2003.

"Nos amis Européens ont ils connu le même phénomène d'inflation perçue?"

Un mot : teuro. Et une référence parmi beaucoup d'autres sur le sujet :
"Two out of three eurozone consumers felt they were ripped off by
retailers during the changeover to pricing in euros, according to the
European Commission…. Germany, France and Netherlands were the
countries with the highest percentage of people feeling cheated…"
(Financial Times, 01.03.02)"
http://freeweb.supereva.com/francesco-lippi.dadacasa/pdf/atmcash_feb05.pdf

Les 35 heures ont (comme toujours) bon dos.

L'utilisation des commentaires est désactivée pour cette note.