Je recommande la lecture du projet économique du Parti Socialiste---ou peut-être pas : j'hésite à croire que ses auteurs le prennent au sérieux. En voici l'objectif :
Notre objectif est de retrouver le plein emploi en ramenant le taux de chômage au-dessous de 5% d’ici 2012 et en diminuant de moitié sa durée. Pour y parvenir, nous mettrons en oeuvre un nouveau modèle de croissance qui conjugue la création d’emplois, l’innovation, la sécurité des carrières professionnelles et le développement
durable, car nous devons simultanément répondre aux enjeux écologiques.
Comment y parviendront-ils ? Le paragraphe suivant donne la réponse :
A cet effet, dans le printemps 2007, nous engagerons avec les partenaires sociaux une
Conférence Nationale qui aura pour charge de débattre des orientations et des propositions en termes d’emploi, de salaire, de conditions de travail et de protection sociale.
Comme en 1997, en somme : on se souvient que l'exercice a duré dix minutes, le temps pour Lionel Jospin d'annoncer la RTT et pour Jean Gandois de claquer la porte. Les choses iront peut-être différemment cette fois : de cent personnes maniant la langue de bois autour d'une table surgiront les solutions tant recherchées... mais non, bien sûr, le PS a déjà son plan. Il repose sur la réhabilitation de la volonté politique, qui redressera le bois tordu de l'humanité et des prétendues lois économiques (lesquelles ne sont que des constructions sociales dues aux intellectuels organiques du capitalisme, on le sait depuis Maris et Généreux).
Bien, assez ri ; j'ai dit que je ne parlerais plus que d'économie. Voyons donc les mesures qui doivent nous ramener au plein emploi :
- Partie I-A : on encourage l'innovation. Très bien ; l'"innovation" est un de ces mots qui a une connotation positive en France (sauf pour ceux qui s'aperçoivent que dans la "destruction créatrice" liée à l'innovation, la destruction peut être celle de leur emploi). Il y a une logique économique claire à faire subventionner par la collectivité des activités très risquées quand les innovateurs ne peuvent pas en supporter le risque eux-même, ou trouver un prêteur qui accepte de le faire : c'est la mutualisation des risques. En pratique, c'est plus compliqué puisqu'il faut éviter que l'attrait de la prime n'attire des innovateurs porteurs de projets sans avenir ; mais pourquoi pas ? Il est toutefois un peu inquiétant que le premier sous-projet mentionné soit la mise en oeuvre d'une politique industrielle, et le dernier la mise en place d'une Agence Nationale de Réindustrialisation....ah, la nostalgie de l'industrie lourde, sans doute. "L'ANR pénalisera les patrons-voyous" : j'attends avec impatience de voir la définition légale du terme. Il est difficile d'imaginer les conséquences nettes en termes d'emploi de cette sous-partie (ou même leur signe), je l'avoue ; mais je ne parierai pas sur une valeur absolue élevée.
- partie I-B, on stimule le pouvoir d'achat.
- Premier alinéa : la politique des revenus fait son retour, avec "une Conférence nationale annuelle tripartite qui aura pour objectif de débattre des orientations et des propositions en termes de politique salariale pour rééquilibrer le partage de la valeur ajoutée entre le travail et le capital et rénover les grilles de classification." On lui souhaite bonne chance. Ce genre de chose n'a jamais marché en France, mais je suppose que c'est une précédent encourageant.
- Le Smic à 1 500 euros, apparemment, représente une augmentation d'environ 6% sur les ajustements légaux. Pour ceux qui pensent, comme moi, que le coût du Smic est un obstacle à l'emploi des catégories les moins qualifiées et des jeunes, ce n'est pas une bonne nouvelle. Mais même pour ceux qui pensent que ce coup de pouce stimulera la consommation, de combien ? Un coup de pouce de 1% sur le Smic équivaut, disons, à 0,3% sur les salaires, et à 0,2% sur la consommation, soyons généreux. Créons donc 0,2% d'emplois, soit 40 000 ; un coup de pouce identique la deuxième année en crée 40 000 de plus, etc. In fine on aura (on aurait !) 240 000 emplois de plus que sans coup de pouce, tout ceci en négligeant tous les effets négatifs qu'on peut craindre. 240 000 emplois, ce ne serait pas à rejeter, mais cela ne représente même pas un point de chômage...
- le dernier alinéa est plus intéressant ; il concerne l'harmonisation de la CSG et de l'IRPP. Depuis quinze ans, la part de l'impôt sur le revenu dans le PIB, déjà anormalement basse, s'est réduite. La CSG procure aujourd'hui des recettes supérieures. Cette substitution s'est faite par sédimentations successives, au gré des besoins de financement de la Sécu ; je n'ai pas souvenir qu'elle ait donné lieu à un débat public sur ses conséquences redistributives. Ce n'est pas sain en démocratie, et il est bon que le PS mette ce sujet sur la table. Ceci dit, que peut-on en espérer pour une relance (présumée créatrice d'emplois) de la consommation ? Le seul point concret mentionné est la prise en compte de la prime pour l'emploi dans la CSG, impact bien inférieur à un milliard d'euros par an, soit moins de 0,1% de la consommation. Ca ne va pas chercher loin...
- Que nous reste-t-il ? Trois idées très nouvelles :
- "Nous réactiverons les emplois-jeunes dans le secteur public et associatif en relation avec les emplois tremplins mis en place dans les régions." Voilà qui est ambitieux.
- "Nous modifierons les prélèvements sociaux afin qu’ils cessent de pénaliser l’emploi.[...] Nous devons aujourd’hui faire de même pour les cotisations patronales en les calculant sur l’ensemble de la richesse produite et non sur les seuls salaires." Vieux serpent de mer... l'idée est simple : comme les cotisations sociales ne sont assises que sur la masse salariale, les entreprises préfèrent adopter des techniques qui utilisent beaucoup de capital : des machines plutôt que des hommes. Cet argument néglige tellement de facteurs qu'on ne sait plus par où commencer. Juste deux remarques : 1) des cotisations sociales de 60% (par exemple) surenchérissent le coût du travail, mais pas de 60%...sinon il y a longtemps que l'économie française se serait effondrée. Les salaires perçus par les salariés absorbent une part importante des cotisations (sauf au niveau du Smic---où le taux des cotisations est bien inférieur), sûrement plus de la moitié. 2) En revanche, le capital (l'argent, pas les machines existantes bien sûr) est mobile et son rendement net ne peut guère baisser. Il faudra donc que les cotisations assises sur le capital passent pour l'essentiel dans le coût du capital pour les entreprises ; la baisse induite de l'investissement risque d'être un frein majeur à l'incorporation des innovations (ce n'était pas le point I-A ?)
- "Nous ferons un bilan avec les partenaires sociaux de l’application des 35 heures, tant d’un point de vue quantitatif que qualitatif." On sent que cela va être consensuel en diable. Il faudra commencer par la direction du PS... "Nous relancerons la négociation sur le temps de travail, pour étendre le bénéfice des 35 heures, avec création d’emplois, à tous les salariés. [...] Nous rétablirons par la loi les rémunérations des heures supplémentaires et les plafonds horaires comme ils l’étaient avant leur remise en cause par la droite."
- et bien sûr, il y a le plan B... "B: Construire avec les partenaires sociaux une sécurité professionnelle [...] L’heure n’est plus au rafistolage. Il faut repenser tout le système." Comment va-t-on faire ? Vous l'avez deviné, on va lancer "une grande négociation [tripartite, of course] sur la Couverture Professionnelle Universelle (CPU)." En l'occurrence, c'est probablement souhaitable : on a vu ce qu'a donné la méthode à la hussarde de Villepin. L'ennui, comme toujours, c'est que le PS a déjà préempté certaines conclusions : "Pour lutter contre la précarité, nous supprimerons le CNE et réaffirmerons la primauté du CDI sur toute autre forme de contrat de travail."La phrase suivante est plus intéressante : "À cet effet, nous modulerons les cotisations sociales en fonction de la durée du contrat de travail et du nombre de contrats précaires dans l’entreprise." Plusieurs économistes de renom ont suggéré un système de ce type, et il faut saluer son adoption par le PS. Le reste sombre dans la démagogie des âges farouches : "En cas de licenciement économique, nous étendrons les droits aux salariés en fin de contrat à durée déterminée (CDD) et de mission d’intérim, les différents congés de conversion ou de reclassement seront réunifiés. Dans le cas de licenciements « boursiers » c’est-à-dire de suppression d’emplois liées non à une difficulté réelle pour l’entreprise, mais à la seule recherche d’un taux de profit supérieur, ce sont les procédures préalables à la définition du plan social qui seront renforcées afin d’assurer un véritable contrôle de la part des salariés." Mamma mia...
- Je passe sur "C: Promouvoir l’économie sociale et solidaire" (qui commence en fait par des aides aux services de proximité, sujet un peu différent). Tout ceci n'est pas très encourageant : il y a du bon, il y a du mauvais aussi, mais rien qui semble être de nature à réduire de moitié le taux de chômage (et sa durée !) Au détour d'une phrase, le PS semble révéler un peu ses espoirs : "Atteindre le plein emploi est possible à l’horizon 2012. Un tel objectif nécessite, au-delà des effets de la démographie, une action volontariste pour créer des emplois, pour sécuriser les parcours professionnels et pour faciliter l’entrée dans la vie active des jeunes." Ah, ce "au-delà des effets de la démographie"... le raisonnement sous-jacent est simple : le chômage baisse quand la demande de travail augmente plus vite que l'offre de travail. La demande de travail, le PS connaît (en théorie tout au moins) : elle ne dépend que de la demande de biens des salariés, il suffit donc d'augmenter les salaires, et le tour est joué. Et comme les projections démographiques prévoient une croissance ralentie de l'offre de travail, il suffit d'attendre et de laisser faire... un programme "volontariste", on le voit !
Je me demande qui au MEDEF serait partisan d'une participation à une telle négociation tripartite, après avir subi l'humiliation de la mascarade du gouvernement PS de l'époque.
En tout état de cause, je pense qu'une fraction très significative des adhérents du MEDEF sauraient faire entendre leur désapprobation de la manière la plus bruyante à supposer que les syndicats patronaux soient une fois encore invités à servir de faire-valoir aux ambitions électoralistes du PS : se souvient-on de l'insolence dont a sû faire preuve Seillères (désormais patron des partons... européens !) face à Chirac en choisissant de s'exprimer devant lui en anglais face à ses homologues européens ?
Rédigé par : Grumbl | 10 juin 2006 à 14:17
Il parait assez aberrant que le PS ne tienne pas compte de la côte de popularité de Royale affichée "blairiste", et qu'il nous sorte un projet "éléphantesque".
Je n'aurai pas dénigré voter PS avec un projet plus libéral comme l'actualité le laissait entendre, mais lorsqu'on pronne un changement radical dans la gestion de l'Etat il ne faut pas revenir au vieilles et mauvaises habitudes.
je trouve celà bien dommage, et je ne voterai pas pour un tel projet.
Rédigé par : david d. | 10 juin 2006 à 18:15
Dans le même ordre d'idée, vous aurez sans nul doute apprécié le fait que "l'Etat ne dépensera pas un euro" pour la renationalisation d'EDF... Le raisonnement s'appuyant sur une vision administrativo-juridique des finances publiques réduite a leur stricte dimension étatique, car comme chacun sait la situation financière des établissements publics et entreprises nationales est sans aucune conséquence sur les finances de l'Etat. Le contribuable appelé à renflouer le Crédit Lyonnais - et autres - appréciera...
Juste pour le fun, on peut relever que le mode de financement envisagé (qui consiste à faire assumer le coût de cette renationalisation par EDF elle-même et la Caisse des dépôts) pourrait soulever quelques délicats problèmes juridiques auxquels leurs auteurs n'ont sans doute pas pensé (cf : http://cacambo.over-blog.net/article-2966623.html).
Rédigé par : Cacambo | 11 juin 2006 à 05:42
je partage en partie vos critiques, en particulier parceque ce projet va à rebours d'une reduction de la dette.
je note cependant que beaucoup de présidentiables ont insistés pour différencier ce "projet" d'un "programme". et comme Mme Royal a ajouté qu'elle conservait sa liberté de parole, je suppute qu'elle présentera un programme bien différent, surement plus blairiste. ca ne sera pas la premiere fois qu'un candidat socialiste s'eloignerait du programme de son parti...
Rédigé par : Matthieu | 11 juin 2006 à 05:45
vu également sur le site du ps :
"Hausse des taux : la BCE persévère dans l’erreur
le 08/06/06
Pour la troisième fois cette année, la Banque Centrale a décidé relever son taux directeur, celui-ci passant de 2,50 % à 2,75%.
Le Parti Socialiste s’élève contre une telle décision que le ralentissement de l'inflation observé ces derniers moins n’impose en aucun cas et qui pénalisera la croissance, l’investissement et la demande intérieure.
Cette décision va aussi peser sur notre commerce extérieur, puisque nos entreprises, déjà lourdement handicapées par le cours de l’euro (1,30 dollar), doivent assumer ce renchérissement du coût du crédit 37% en à peine six mois.
Le Parti Socialiste dénonce l’aveuglement de la BCE qui, omnubilée par la seule lutte contre l’inflation, refuse de tenir compte des avis unanimes de l’OCDE et du FMI qui l’ont pourtant exhortée à ne pas durcir sa politique monétaire avant l’automne pour ne pas peser sur la croissance aussi faible que fragile.
Pour mettre fin à ce type d’erreur de pilotage, le Parti socialiste propose de créer un véritable gouvernement européen économique, d’institutionnaliser l’Eurogroupe, d’élire un Ministre des finances de l’Europe, de réviser les statuts de la Banque centrale européenne en l’obligeant à prendre en compte aussi l’objectif de croissance et d’emploi."
Communiqué d’Eric BESSON
Secrétaire National à l’Economie et à la Fiscalité
Rédigé par : david d. | 11 juin 2006 à 18:22
Et voila : DSK vient d'annoncer qu'il n'etait pas lié par le projet, reste à savoir sur quels points. Il parle d'une "social-démocratie rénovée", c'est-à-dire ?
Rédigé par : Matthieu | 12 juin 2006 à 10:53
In that instance,BS does not stand for B Salanie. Ce prg est affligeant - tout est affligeant - le rush d'un prg langue de bois, le repli (qui sera sans doute victorieux) sur l'alliance des interets acquis (qui votent socialo) et des forces vives (qui vont voter utopies segoliennes) pour battre la combination Sarko / Le Pen (LP va prendre des voix a Sko) - the only good thing is that another 5/10 years of generation M management is just going to make things worse quicker (see Italy) .
Rédigé par : BS reigns supreme | 12 juin 2006 à 16:29
M. Salanié : vous êtes bien généreux pour le projet PS en écrivant "Un coup de pouce de 1% sur le Smic équivaut, disons, à 0,3% sur les salaires, et à 0,2% sur la consommation, soyons généreux. Créons donc 0,2% d'emplois, soit 40 000".
Pourquoi les 0,2% de consommation en plus resteraient-ils en France, contrairement à 1981 ? l'économie ne s'est tout de même pas refermée depuis 26 ans. Ces 0,2% vont en grande partie alimenter les importations, et le gain en emplois français sera inférieur à ce chiffre.
Rédigé par : FrédéricLN | 13 juin 2006 à 07:32
FredericLN: Dans un processus d'importation, l'essentiel pour ne pas dire la quasi-totalité de la valeur ajoutée est normalement attribuée à l'importateur, qui est typiquement national ou européen (les allemands ont compris cela depuis longtemps), notamment du fait de toutes les astuces employées pour .... lutter contre la concurrence déloyale introduites par les conditions sociales modestes dans les pays en voie de developpement !
Imaginez par exemple ce que rapporte à "l'étranger" la fabrication d'un IPod avec des ouvriers payés 30 E./mois.
http://www.macworld.co.uk/news/index.cfm?RSS&NewsID=14915
On apprend notamment que "its flash memory is the most expensive component.". Au prix de détail en France, on trouve ladite flash memory à 25 E. .
Donc, rassurez-vous, les augmentations de revenus des smicards créent bien de la richesse en France, même lorsqu'ils achètent de l'électronique grand public dans les circuits habituels du moins. Mais il est vrai que découvrir qu'alimenter son bien être en entretenant l'exploitation des ouvriers chinois, ça gâche un peu le goût de la sauce, non ?
Rédigé par : Golfeur | 13 juin 2006 à 12:31
Bernard,
Merci de ce digest du projet PS que je n'aurais certainement pas lu. Vous avez gagné une place dans mon blogroll.
Il y a des idées intéressantes, à commencer par la priorité absolue donnée au plein emploi, mais certains points sentent à plein nez l'enarchie. Il y a au PS comme dans les autres partis beaucoup trop peu de gens qui ont une connaissance réelle du monde de l'entreprise et ça se voit. J'y ai milité pendant 3 mois à Paris il y a une dizaine d'années, le temps de réaliser que 70% de la section était prof, le reste fonctionnaire ou avocat !
Je ne suis pas un grand fan de Ségolene ni de DSK, mon blog en fait bien état, mais il y a quand des choses très intéressantes dans les commentaires de leurs blogs respectifs et ils l'utilisent intelligemment. C'est certainement cette connexion au réel qui manque aux rédacteurs du projet du PS.
A Grumbl : la représentativité du MEDEF est faible et je parle en connaissance de cause.
Rédigé par : ava | 13 juin 2006 à 16:16
Cher Bernard, Bonjour,
Merci et bravo pour ton analyse de la partie éco du projet PS. Je te cite dans un autre texte que je joins ci-après et dans lequel je commente la partie "universités-Recherche" dudit projet. Je suis comme toi: j'espère qu'aucun des rédacteurs de ce projet ne le prend au sérieux. C'est dramatique.
Le projet du PS pour l’enseignement supérieur et la recherche: circulez, y a rien à voir, tout va bien !
Par Bernard Belloc, Professeur, membre de l’IDEI et Président honoraire de l’Université de Toulouse 1 Sciences sociales
Le Parti Socialiste est le premier parti de gouvernement à avoir rendu public son projet pour 2007. Je viens de lire les 12 lignes, sur vingt pages, qui sont consacrées aux universités et à la recherche. Je retiens en positif quelques éléments sur l’aide aux étudiants, sujet en général occulté. Pour le reste, rien, ou plutôt les vieilles lunes: des sous, des sous, des sous ! D’abord où les prendra-t-on ces sous ? L’analyse que fait de la partie économique du projet du PS mon collègue Bernard Salanié, sur son blog « L’économie sans tabou », est édifiante quant à la capacité du projet du PS à créer cet accroissement de richesse qui nous fait tant défaut. Bernard est Administrateur INSEE, ancien Directeur des études de l’ENSAE et maintenant Professeur d’économie à Columbia University. On peut imaginer qu’il sait de quoi il parle. Quand on lit le paragraphe « L’innovation encouragée » du projet PS on voit qu’il s’agit en fait de renouer avec les politiques industrielles. Dans un monde complètement ouvert, et surtout une Europe totalement intégrée économiquement, mettre en œuvre une politique industrielle ne peut signifier que fermeture des frontières et repli sur soi. Donc bonjour le dirigisme et au contraire adieu l’innovation ! Au cas où on n’aurait pas bien compris, il est écrit un peu plus loin que l’Etat prendra des participations publiques dans le capital des jeunes entreprises innovantes. Quand on se souvient des dégâts commis par l’Etat depuis vingt cinq ans chaque fois qu’il a tenté de diriger des entreprises (Crédit Lyonnais et autres), on comprend bien qu’il s’agit en fait de tuer l’innovation et de nous figer dans une vision du monde irréaliste, dépassée et dangereuse..
Pour ce qui est de l’université et de la recherche rien, absolument rien sur les évolutions de structures nécessaires sauf une phrase énigmatique dans laquelle on nous parle « d’autonomie de gestion dans le cadre d’un budget national ». Pour qui connaît bien la question, le déchiffrage est cependant clair: on ne parle pas vraiment d’autonomie et on reste bien dans un cadre national, sans même décentraliser au niveau de chaque établissement un budget global consolidé. On dit ce qu’on ne veut pas, mas pas ce qu’on veut.
La loi Savary a plus de vingt ans, date d’avant la chute du communisme, de l’essor de l’Asie, de la globalisation, mais c’est toujours le carcan dans lequel on veut rester. A ce point c’est du masochisme! Les moyens feront tout. Comment peut-on imaginer qu’il suffira de porter la dépense par étudiant au niveau de la moyenne des pays de l’OCDE comme le propose le PS? A structures constantes, cela ne changera rien et accroîtra tout simplement gaspillages et frustrations. Sait-on qu’en termes de diplômés il est des pays qui dépensent moins que nous par étudiant et ont des performances meilleures en termes de diplomation et d’insertion? Il suffit de lire les chiffres de l’OCDE et de connaître un peu les structures d’enseignement supérieur des divers pays pour constater qu’il n’y a aucune corrélation claire entre moyens investis et performance de l’enseignement supérieur. La corrélation elle existe par contre toujours entre des structures favorisant autonomie, créativité des établissements et performances de ceux-ci. Et là c’est bien d’un changement structurel dont il s’agit et non pas seulement de moyens. Au demeurant, je rappelle que ce que l’on appelle dépenses par étudiant comprend aussi les dépenses privées, c’est à dire le paiement des droits d’inscription par les étudiants. Une dépense élevée, dans nombre de pays, signifie aussi des droits d’inscription élevés. Le PS veut-il augmenter le niveau des droits d’inscription ? Non, bien entendu ! Quel gâchis, alors que les députés Alain Claeys (PS) et Michel Bouvard (UMP) viennent de rendre public un rapport préconisant quelques mesures de simple bon sens pour améliorer un peu les structures universitaires.
Mêmes remarques sur la recherche: comment penser qu’en augmentant de 10%
par an les dépenses pour la recherche tout ira mieux. D’abord 10% par an, ce n’est pas grand chose comparativement aux grands pays scientifiques. Et je ne parle pas de la Chine, où je travaille actuellement, qui a décidé de doubler ses dépenses de recherche d’un plan quinquennal à l’autre, sans compter ce que les entreprises investissent dans ce pays pour la recherche et le développement! Augmenter les ressources des organismes de recherche tels qu’ils sont organisés aujourd’hui, avec des plans de créations d’emplois scientifiques de statut fonction publique, ce sera toujours condamner ces organismes, le CNRS en tête, à devoir programmer 75% de salaires dans leurs budgets et donc rien pour mettre en oeuvre une vraie politique scientifique innovante. Enfin, pourquoi le projet du PS ne parle pas de la création d’une dizaine d’universités de recherche dont notre pays a tant besoin, à partir des meilleures grandes écoles et des meilleurs départements d’universités?
Voilà comment va la France, occupée à jouer seule dans son petit jardin! Un jour il faudra que je témoigne de ce que je vois en Chine, qui est en train de se doter d’une véritable stratégie de long terme pour se hisser aux premiers rangs (elle est déjà seconde, au niveau du Japon, pour les nanotechnologies) des pays qui ont vraiment pris le virage de la société de la connaissance.
Rédigé par : Bernard Belloc | 18 juin 2006 à 06:44
Pour info, une version un peu remaniée de mon billet figure sur le site Débat 2007 :
http://www.debat2007.fr/blog/index.php?2006/06/21/101-le-retour-des-vieilles-recettes
Rédigé par : Bernard Salanié | 21 juin 2006 à 06:08
golfeur : importations en 2005 : 382 Mds€. Il s'agit des importations, non de la valeur "consommateur" des biens importés (marge de l'importateur incluse).
Si le pouvoir d'achat supplémentaire se répartissait comme le PIB, ça veut dire que les 0,2% de salaires deviennent 0,15% environ de production nationale, et - en étant généreux, c'est-à-dire sans gain de productivité supplémentaire - 0,15% de travail.
En fait, le PIB contient aussi les services publics non marchands, essentiellement produits en France, et dont l'élasticité au revenu des ménages est probablement faible (= si votre salaire augmente, ça ne conduit pas l'Etat à embaucher des policiers).
La part du "salaire additionnel" qui partirait à l'étranger serait donc supérieure au quart, et le gain en emplois inférieur à 0,15%.
Rédigé par : FrédéricLN | 23 juin 2006 à 07:13
Comme d'habitude, le PS refuse de voir le monde tel qu'il est et s'enferme dans des délires idéologiques dignes du XIXème siècle.
En gros, la recette socialiste:
- Augmenter les impôts des "riches" (c'est à dire gagnant plus de 3000 Euros mensuels) pour faire de la "redistribution".
- Augmenter le nombre de fonctionnaires et assimilés pour récupérer des électeurs.
- Saupoudrer ici et là pour faire plaisir à quelques segments marketing (pardon, électeurs) en promettant une hausse du SMIC par exemple.
Je ne vote plus depuis longtemps et vis en Californie depuis 5 ans. Je pense que le nombre d'expatriés (généralement des bosseurs qui en ont marre de se faire tondre par des taxes et impôts décrétés par des incompétents) va encore augmenter.
Comme le disait Bastiat, il y a ce qu'on voit (les impôts que je ne paie plus en France depuis longtemps) et ce qu'on ne voit pas (la valeur ajoutée que je produits par mon travail, l'optimisation des processus que mes systèmes informatiques rendent possible). Un départ comme le mien coûte une petite fortune. Multipliez par 2 millions et quelques d'expatriés (chiffre plus ou moins officiel annoncé par le gouvernement français) et vous arrivez vite à des sommes astronomiques qui manquent dans le PIB français.
Je sens que les élections de 2007 vont être à hurler de rire.
Rédigé par : Calimero | 26 juin 2006 à 23:42
j'invite les gens a lire le livre "segolene royal ombre et lumiere" avant d'aller voter au mois d'avril
Rédigé par : asencio | 14 mars 2007 à 03:45