- il ne peut pas imposer ses contrats, cela fâcherait les élus locaux et les agents immobiliers qui veulent développer ces zones ;
- il doit donc les subventionner pour les rendre attractifs, mais 1) les contribuables des zones non inondables renaclent 2) cela augmente le nombre de ménages prêts à vivre dans des zones inondables, ce qui n'est pas une bonne idée 3) en cas d'ouragan majeur, le programme fait faillite---ce qui vient d'arriver après Katrina.
- en tout état de cause, il reste toujours des habitants qui refusent de s'assurer, parce qu'ils sont trop pauvres et/ou parce qu'ils espèrent qu'en cas de pépin, il y aura un "bail out" : on viendra de toute manière à leur aide (ce qui n'est pas garanti, en l'occurrence).
Le réchauffement climatique risque de rendre ce genre d'ouragan plus fréquents au Sud des Etats-Unis (sans parler d'autres pays beaucoup moins riches et plus exposés). Plusieurs réformes possibles ont été proposées, mais leur coût et sa répartition n'ont pas fini d'être débattus. Il y a des leçons pour nous en France, où nous payons tous une prime "catastrophes naturelles" qui est régulée de manière très stricte : en partiuculier, les assureurs n'ont pas le droit de conditionner son montant à l'importance du risque. Il y a bien sûr là un arbitrage fréquent en économie, entre la solidarité (ou l'équité, si on veut bien la tirer un peu par les cheveux) et la recherche d'incitations optimales---la "vérité des prix", en quelque sorte. Comme souvent, la France a choisi une solution un peu extrême, qui a le défaut de subventionner l'installation dans des zones dangereuses. Il y a sûrement un optimum intérieur (une solution moins extrême)...quitte à indemniser les perdants. Laure Latruffe et Pierre Picard ont publié l'an dernier un article dans Annales d'Economie et Statistique qui discute cette question plus en détail.
Il y a aussi les réglementations interdisant purement et simplement les constructions dans les zones a fort risque (innondations, ...), l'assurance seule n'est qu'une partie de la question de la gestion du risque sur un territoire.
Y-a-t'il des papiers sur les systèmes d'assurance de ce type de risques entre les pays ? (Comme il y en a pour la santé).
Rédigé par : Laurent GUERBY | 30 mai 2006 à 16:09
"les assureurs n'ont pas le droit de conditionner son montant à l'importance du risque" : j'ai du mal à comprendre. N'est pas justement l'actuariat, cette science qui évalue les risques qui conditionnent de facto le montant des primes ? Ou alors, la validité de l'assertion est limitée aux catastrophes naturelles ?
Rédigé par : Vicnent | 31 mai 2006 à 08:37
Laurent, l'interdiction est un cas particulier de la taxation (avec un taux d'imposition suffisamment élevé pour être totalement dissuasif)... a priori, ce n'est pas la meilleure solution en general, sauf s'il est beaucoup plus facile de la faire respecter (ce qui n'est pas toujours le cas, cf les paillotes du prefet Bonnet !)
Rédigé par : Bernard Salanie | 31 mai 2006 à 08:40
Je suis d'accord avec l'analogie, mais la taxation n'est pas mentionnée dans le billet :).
Les décisions de justice ça prends toujours du temps, et les taxations surtout élevées sont toujours difficiles à faire respecter aussi (non ? :). Il me parait difficile de conclure sur le cas général.
Le papier (version non finale ?) à l'air d'être disponible ici :
http://www.iddri.org/iddri/telecharge/mardis/s03_picard.pdf#search='Assurance%20des%20catastrophes%20naturelles:%20fautil%20choisir%20entre%20pr%C3%A9vention%20et%20solidarit%C3%A9'
Pas encore lu.
Rédigé par : Laurent GUERBY | 31 mai 2006 à 08:56
Franchement, tout ceci me paraît très théorique s'agissant de la France.
Si on était dans un pays raisonnable, ça vaudrait le coup d'aller calculer le profil de taxation optimal décourageant les installations en zones inondables et encourageant l'aménagement des berges, la construction de digues etc...
Mais on est en France et l'effet "bail out" est tellement marqué au fer rouge dans l'ADN collectif que seule l'interdiction des zones à risque a une chance d'avoir la moindre efficacité (et encore). Imagine-t-on un premier ministre passer au journal de 20h le soir d'inondations type Vaison-la-Romaine et expliquer que les victimes ne seront pas prises en charge par l'Etat parce qu'elles n'ont pas payé leurs primes d'assurance?
L'attitude rationnelle face à un aléa collectif (catastrophe naturelle, fermeture d'usine, chikoungougna, vache folle, grippe aviaire, hausse du pétrole...) n'est pas de s'en prémunir avant mais de mener une bonne campagne de presse après.
Pour finir sur une note plus légère, on ne peut pas parler de Katrina et de programmes fédéraux sans citer Borowitz : http://www.borowitzreport.com/archive_rpt.asp?rec=1377&srch=
:)
Rédigé par : Liberal | 01 juin 2006 à 07:30