On dit que Ron Hubbard a fondé l'Eglise de Scientologie après s'être rendu compte que ce serait un bien meilleur racket que sa carrière d'auteur de science-fiction. Mais on peut aussi rester dans la religion "établie" et . Je vous avais déjà parlé de Joel Osteen, le pasteur texan qui a fusionné la religion et le pep talk ; le voici qui, selon le New York Times du 15 mars, devrait recevoir près de 10 millions de dollars pour son prochain livre, joliment intitué "Your Best Life Now: 7 Steps to Living at Your Full Potential". Bah, je ne suis pas jaloux : je suis traduit en chinois, moâ...On remarquera que Joel n'est pas égoïste : il encourage les dons... à son église :
Mr. Osteen last year gave up his $200,000 salary from his church. His teachings emphasize that consistent tithing — the giving of 10 percent of a person's income to the church — brings even greater rewards, both spiritual and otherwise.
Le caractère inhabituel de son deal (outre son montant) est qu'il repose sur une avance relativement faible et un taux de droits d'auteur étonnamment élevé : 50% des ventes, contre 10 à 15% d'habitude. Son contrat est "high powered", comme on dit en théorie des contrats (je vous recommanderais bien un excellent manuel d'un auteur nécessiteux...). Pourquoi ? Autrefois, les contrats d'auteur étaient on ne peut plus "low powered": le libraire-éditeur achetait le droit de publier un livre à l'auteur pour un montant fixe. Depuis la fin du XVIIIe siècle, l'éditeur intéresse l'auteur au succès de son livre, afin (croyons-nous) de l'inciter à se décarcasser, réduisant ainsi le problème d'aléa moral. Il y a des limites à cet intéressement, parce que l'éditeur, qui publie de nombreux livres, peut mieux diversifier ses risques que l'auteur : d'où la règle des 10 à 15% habituels.
La théorie de l'aléa moral de base nous indique qu'il y a trois explications possibles au caractère très incitatif du contrat de Joel ---si l'on écarte les différences d'opinion entre auteur et éditeur sur les ventes, explication trop facile :
- Joel ne craint pas de prendre des risques ;
- en fait, il y a très peu de risques : la réussite de ce livre majeur est inscrite dans les astres ;
- Joel ne craint pas de se décarcasser un peu plus, il a du coeur au ventre (vous pouvez regarder son émission dominicale, vous verrez...)
1. n'est pas très convaincant : Joel, fils de pasteur, est devenu pasteur lui-même. 2. a sans doute plus de mérite. Mais 3. est peut-être l'essentiel. Après tout, il est improbable que Joel écrive ce livre lui-même (contrairement à l'auteur nécessiteux mentionné plus haut). Idéalement, il devrait faire travailler ses fidèles en leur promettant des indulgences...Luther, pardonne-moi.
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