Andrew Oswald, de Warwick, est un "data miner" : il regarde les données à la loupe jusqu'à ce qu'il ait trouvé une régularité empirique intéressante. Il y a quelques années, c'était la "wage curve" (une relation négative entre le niveau des salaires et le taux de chômage, à ne pas confondre avec la courbe de Phillips). Auparavant, il avait fait beaucoup de bruit autour d'une corrélation positive entre chômage et taux de propriétaires de leur logement. C'était raisonnable, puisque le marché du logement est peu liquide, si bien qu'un chômeur propriétaire a plus de difficulté à se déplacer vers un bassin d'emploi plus dynamique.
Aujourd'hui, Oswald refait parler de lui : la naissance d'une fille amènerait les vues politiques de ses parents à s'infléchir vers la gauche, la naissance d'un garcon les poussent à droite. L'argument le plus convaincant est le suivant :
In Germany, two-thirds of people who switched their political affiliation in the year after having a son moved to the more conservative party. The ratio was flipped for those who had a daughter.
C'est un exemple d'expérience naturelle assez convaincant, dans la mesure où dans un pays comme l'Allemagne, les parents ne contrôlent pas le sexe de leurs enfants. En Inde ou en Chine, ce serait plus douteux... quant aux conséquences à en tirer, mieux vaut ne pas trop en parler.
Je pense que son étude doit etre plus poussé car :
Il y a plus de fille que de garcon dans le monde et Il semble qu'il y a plus de gouvernement de droite au pouvoir actuellement ( et meme dans l'histoire de l'humaité ).
Ne pas oublier que l'on peut faire dire ce que l'on veut au chiffres. Et que dans se genre d'étude, il est dure de trouver la véritable valeur significative.
Au passage que pensez vous des livres comme Freakeconomics qui base leur étude énormement sur le data mining ?
Rédigé par : Xwilly | 19 février 2006 à 12:05
* "On peut faire dire ce que l'on veut aux chiffres".... vraiment ? Souvent, les gens qui utilisent ce cliché veulent substituer le "bon sens" aux faits. C'est un argument que la gent politique emploie régulièrement. Et comme disait Descartes (une citation qui perd beaucoup à être tronquée) :
"Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée : car chacun pense en être si bien pourvu que ceux même qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose n’ont point coutume d’en désirer plus qu’ils n’en ont."
Personnellement, je préfère m'appuyer sur les faits....
* il pourrait y avoir dix filles pour un garcon, dix gouvernements de droite pour un de gauche et pourtant un "effet fille" oswaldien... il suffit pour cela que nous naissions assez à droite.
Rédigé par : Bernard Salanié | 20 février 2006 à 10:17
j'ai acheté Freakeconomics parceque BS en avait dit du bien ici, et que je suis tombé dessus en librairie...
les premiers exemples sont amusants, mais peu convaincants: il nous donne les conclusions mais pas les chiffres...
nous devons lui faire confiance pour les données, et donc accepter ses conclusions. Il se donne peu la peine de réfuter les arguments contre sa thèse.
Un exemple: sa conclusion: l'argent a peu d'influence sur le résultat des élections aux USA. pour évacuer le facteur charisme, il fonde ce résultat sur la comparaison d'élections entre deux mêmes candidats à plusieurs années d'intervalle. Mais rien ne nous est dit sur les fonds de campagne mis en cause, il saute à la conclusion sans nous dire pourquoi alors les candidats font du "fund-raising", ni pourquoi leurs teams font des pubs (très chères) à la télé, (dont on voit parfois dans les sondages l'influence immédiate)....
je continue sa lecture
françois
Rédigé par : François | 20 février 2006 à 12:09
"On peut faire dire ce que l'on veut aux chiffres" il y a un peu de vrai quand meme si on n'interprete pas litéralement ou si on ne monte pas trop vite sur ces grands chevaux (hein :). En effet ceux qui ecrivent un papier ont accès a la totalité des données et les lecteurs non (une exception assez spécifique à l'economie d'ailleurs), ils ne voient le sujet qu'a travers un nombre extrement limité de chiffres choisis par l'auteur. En choisissant judicieusement des chiffres moyennes, medianes, conditionnelles on peut arriver a completement fausser avec ces chiffres "synthetiques" ce qui se cache vraiment derriere la totalite des chiffres (voir le bar, Bill Gates qui rentre et la moyenne des revenus).
Au 21eme siecle, ca me mets en rogne de voir encore des pages remplies de paragraphes de texte émaillés de quelques chiffres style moyenne ou mediane alors que la distribution complete est un simple graphique qui serait bien plus parlant et surtout bien plus honnete vis a vis du lecteur en moins d'espace.
Rédigé par : Laurent GUERBY | 20 février 2006 à 16:13
Je viens d'acheter Freakonomics, tout juste publié chez Denoël
Normalement, je n'achète pas de livre d'économie, ni d'économiste, mais comme B Salanié nous avait parlé de S Venkatesh, j'étais curieux de voir si j'avais bien compris l'anglais des textes de S.V.
Le style des deux auteurs (surtout du journaliste ?) est effectivement très coulant, un peu verbeux parfois, et je me demande si la traduction est à la hauteur de l'original: on explique en effet que tout travail de traduction conduit à allonger le texte, au risque de trop délayer, dans le but de décoder plus précisément... Si B Salanié a l'occasion de comparer les deux versions de l'oeuvre...
En revanche, on peut se référer aux documents de base produits par S D Levitt, car ils sont cités en note et lisibles sur son site web
http://pricetheory.uchicago.edu/levitt/LevittCV.html
De même pour les travaux de Roland G. Fryer sur la discrimination, ou ceux de Andrew Oswald à Warwick University
Du coup je comprends mieux le sens des écrits de l'économiste Piketty ou du sociologue Fellouzis
On l'aura deviné, j'aime bien les data crunchers ;-)
Rédigé par : gm | 21 février 2006 à 12:46
Freakonomics ne m'a pas frappe comme tres scientifique.
d'ailleurs le style journalistique de Dubner est tres agacant.
certaines idees sont interressantes, la fameuse question des avortements qui reduiraient le crime par exemple...
mais dans l'ensemble je pense que le bouquin s'inscrit plus dans le cadre d'un courant d'economistes qui essaierait de s'attacher a autre chose que l'etude de problemes habituels.
il serait interressant donc de voir plus d'economistes s'interresser au marche de la cocaine et l'effet de la PAC a ce sujet, les consequences de la corruption dans les pays pauvres etc...
Rédigé par : Zilch | 22 février 2006 à 08:38
BS : "il pourrait y avoir dix filles pour un garcon, dix gouvernements de droite pour un de gauche et pourtant un "effet fille" oswaldien... il suffit pour cela que nous naissions assez à droite."
Ou, beaucoup plus simplement, que d'autres événements, n'ayant rien à voir avec le sexe des enfants, poussent plutôt à droite. Peut être chaque événement majeur de la vie a-t-il un effet oswaldien dans un sens ou dans l'autre (mariage, divorce, décès des parents, perte ou obtention d'un job, victoire en coupe du monde etc...) Il a du pain sur la planche, Oswald :)
Rédigé par : Xavier | 23 février 2006 à 10:27
Loin de moi l'idée de donner une force divine du bon sens face aux chiffres et au faits.
Juste que je m'interroge sur le véritable poid de ce paramétre, par rapport à l'ensemble des autres paramétres qui pousse vers une orientation politique plutot que l'autres.
Aprés il n'y a pas de raison de polimiquer, juste d'expliquer comment il arrive a cette conclusion. Cà on le verra quand il publiera son article.
Personnement, je pense que c'est la la force de Freakeconomics. Le livre donne une conclusion sur un sujet et il nous fournie les chiffres et le raisonnement qui a été suivi.
Et comme tous bon prof de math le dira : ce n'est pas le résulta qui compte ( un peu quand meme ) mais comment on y est arrivé.
Rédigé par : xwilly | 23 février 2006 à 15:14
N'est-ce pas tout simplement la preuve du fait que les extra-terrestres qui contrôlent notre esprit depuis leur base secrète en orbite sont également à même de choisir le sexe de nos enfants pour mieux contrôler l'avenir global de l'humanité ?
Rédigé par : J'ai tout compris ! | 27 février 2006 à 18:51
Il me semble que nous sommes effectivement dans le domaine de la corrélation illusoire.
C'est bien beau de mettre deux courbes d'évolutions en parallèle et de prétendre que l'une dépend de l'autre. Rien ne prouve pour autant qu'il y a un lien, rien ne prouve que ce lien n'est pas externe.
« il pourrait y avoir dix filles pour un garcon, dix gouvernements de droite pour un de gauche et pourtant un "effet fille" oswaldien... il suffit pour cela que nous naissions assez à droite. »
On peut en effet disserter sur ce qui est possible dans l'absolu mais que rien ne peut prouver :^)
Rédigé par : Marcel Patoulatchi | 11 mars 2006 à 03:49
Ouh là là ... moi qui ai 4 filles et zéro garçon ... je devrais pointer chez Arlette !
Rédigé par : FrédéricLN | 16 mai 2006 à 04:21