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En exergue :

  • Frank Ramsey, "Truth and Probability" (1926)
    The highest ideal would be always to have a true opinion and be certain of it; but this ideal is more suited to God than to man.
  • Jules Bertaut, "1848 et la Seconde République" (1937)
    L'enthousiasme est pour rien chez nous : aussi les Français, peuple avare par excellence, le répandent-ils avec une générosité qui n'a d''egale que leur versatilité.
  • Turgot, lettre à Du Pont (1773)
    C’est au public lisant et réfléchissant qu’il faut parler, c’est à lui qu’il faut plaire, lui et lui seul qu’il faut persuader ; toutes les flagorneries aux gens en place, tous les petits détours dont en s’enveloppe pour ne pas les choquer sont une perte de temps écartant du vrai but et ne réussissant même pas à faire sur eux l’impression qu’on s’est proposée.

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Commentaires

V

On peut quand meme trouver des raisons qui expliqueraient l'interet de la premiere approche, au moins d'une facon partielle :

- le fait que les firmes ne peuvent pas d'elle-meme proposer une discrimination tarifaire entre pays en développement et pays développés. Une fois poussées par les Etats, et une fois qu'elles ont obtenu en contrepartie des regles interdisant la réimportation des génériques africains en Europe

- le fait que le brevet induit un monopole (limité dans le temps) et qu'il induit les méfaits liés au monopole. Le brevet est déjà, en lui, une intervention publique dans le marché. Pourquoi considérer qu'elle est parfaite et qu'une intervention secondaire serait "mauvaise" a priori ?

- il n'est en particulier pas sur que le statut privé de la recherche sur les médicaments soit une réussite. Pas parce que le statut privé est mauvais en soi, mais parce que l'on est en présence produit avec des cycles d'investissements très long, et une propension à payer forte pour certains clients (qui serait prêt à négocier des années ou à attendre une tri-thérapie ?). En particulier il me semble avoir lu que le taux réel d'innovation de l'industrie était extrêmement faible, et en baisse.

- on peut également plaider pour une solution de "second best". Des millions d'adultes et d'enfants sont en train de mourrir du sida. Il est difficile de mobiliser des milliards d'aides dans un délai court. Dès lors des situation peut-etre moins "pures" mais qui marchent tout de suite peuvent être préférable à des solutions parfaites, mais jamais mises en place.

Celà dit ces éléments n'apportent pas de solution parfaite, ni ne sont contradictoire avec ce que vous dites. Mais il est clair qu'il y a un débat complexe, et le premier critère pourrait être non pas en terme de surplus global, mais en terme de surplus des "oubliés" du système...


Flaff

Je suppose que faire directement financer par les citoyens des pays riches un programme de recherche (par exemple, par le biais d'une bounty/prime sur résultat) et mettre les conclusions de ce programme en libre-accès pour tous les industriels désireux de fabriquer le vaccin est trop compliqué ?

all

Il faut distinguer entre la distribution de médicaments existants et la recherche de nouveaux produits.
* Le vaccin existe, autoriser la contrefaçon (en INDE par ex.), bon grès ou mal-grès. Si les industriels détenteurs de brevet sont réticents à céder sur le monopole, la recette est sur Internet.
* Le vaccin n'existe pas. La recherche scientifique n'a pas de solution pour tout est n'est pas toujours le meilleur investissement pour combattre une maladie. Voir les sommes englouties dans les thérapies géniques sans résultat concret à ce jour, ni aucun résultat obtenu dans le paludisme malgré le faux espoir du à Patarroyo. Il vaut mieux donner des moustiquaires imprégnées de démoustiquant aux pauvres que payer des années de labo!

V

Quand le vaccin n'existe pas et que le marché n'est pas solvable, la meilleure solution n'est-elle pas de financer la recherche sur fonds publics, et de distribuer des licences ?

La santé n'est pas le domaine ou le marché est le plus efficace : ainsi 1/3 des dépenses de santé aux US seraient des frais d'avocats et de marketing des assurances privées...

Bernard Salanié

* V : les entreprises peuvent parfaitement pratiquer des prix differents entre pays ; les prix sont plus eleves aux Etats-Unis qu'en Europe, les Americains s'en plaignent assez. Quant aux "oublies du systeme", c'est bien eux que j'avais a l'esprit... mais si on veut leur donner un vaccin contre la malaria, il faut d'abord que quelqu' un trouve son interet a le developper.
* Flaff : le systeme du prix a aussi ete propose. Mais en pratique, il ne marche pas aussi bien : il impose beaucoup de risque aux entreprises, et l'attribution du prix repose sur un processus de validation extremement delicat.
* all : bien sur, on peut toujours confisquer la propriete existante. A court terme, taxer les riches a 100% est optimal, a condition de negliger les consequences nefastes sur l'accumulation future !
* V : la recherche publique, pourquoi pas ? Mais pour un vaccin sur la malaria, je vois mal 1/3 des depenses se consumer en frais d'avocats ou de marketing.

V

BS :

Est-il démontré que le privé a un avantage comparatif dans la recherche de vaccins ?

Jusqu'ici, les grands vaccins/grands traitements ont plutot été issus de la recherche publique que du privé, qui est plutot efficace pour réduire les couts de production de masse/distribuer/envoyer des armées de visiteurs médicaux chez les médecins pour "pousser" leurs produits : pour quelle raison faudrait-il faire confiance au privé pour faire mieux, précisément sur une cible qui n'est pas la leur ?

Flaff

L'aversion au risque n'est effectivement pas l'apanage des individus : reste alors à savoir si les citoyens des pays riches appellés solidairement à contribuer ont également à contribuer à la prime d'aversion demandée par ces "entrepreneurs en charentaises". Par ailleurs, quelle utilité sociale peut-on accorder à une entreprise qui ne prend aucun risque (puisqu'après tout, le financement de la recherche en santé publique par des fonds publics semble si naturel ?).

Si le système des primes était effectivement expérimenté, cela permettrait à des organismes publics (ou des sociétés informelles) de concourir contre des acteurs à vocation lucrative : or, je crois que nulle théorie économique compatible avec le libre épanouissement du secteur concurrentiel ne s'oppose à l'intensificiation de la concurrence.

Xavier

Cette discussion aborde 2 sujets très différents :

1. Est il moral d'être généreux avec l'argent des autres? En d'autres termes, si je suis un "gens aux idéaux généreux" et si je veux que les pauvres aient accès au vaccin contre la malaria, je peux :
(i) exiger que l'industrie pharma (ie. pas moi) l'offre.
(ii) exiger que l'Etat (ie. moi et 25 millions de contribuables qui ne sont pas moi) l'offre.
(iii) faire un chèque et l'envoyer à une ONG qui offre des vaccins, travailler bénévolement pour une telle association, en faire la publicité, convaincre mes amis de m'imiter etc...
Ce qui est ironique, c'est que BS (soit-disant libéral et vivant en Libéral-land) ne mentionne pas cette dernière possibilité. Serait ce une infirmité française? Sommes nous donc incapables de faire quelque chose de bien nous-mêmes, sans nous reposer sur l'Etat?

2. La recherche en général, pharmaceutique en particulier est elle mieux assurée par le public ou le privé?
L'histoire fourmille d'exemples où l'un et l'autre ont été meilleurs. J'aurais tendance à préférer conserver la co-existence des 2 systèmes.
La question de la protection de la propriété industrielle se pose néanmoins. Si les résultats de la recherche publique tombent dans le domaine public et que la recherche privée peut breveter ses résultats, cela donne un avantage injuste au privé. On commence à voir apparaître un discours très convaincant en faveur d'un affaiblissement (pas l'annulation) de l'IP en en réduisant la durée et/ou restreignant les critères d'attribution.
Certains domaines de recherche sont devenus de véritables champs de mines juridiques avec des dizaines de brevets détenus par autant de sociétés différentes. Dans ces cas-là, l'IP a un effet négatif sur la recherche.

Flaff

". On commence à voir apparaître un discours très convaincant en faveur d'un affaiblissement (pas l'annulation) de l'IP en en réduisant la durée et/ou restreignant les critères d'attribution."

Dans le cas du domaine très particulier de la propriété industrielle dans le secteur de la santé, je crois qu'on ne peut pas négliger l'importance des arguments énumérés dans un texte de Bernard Salanié :

http://bsalanie.blogs.com/economie_sans_tabou/2005/09/la_valeur_de_le.html

eczistenz

Oui, tout cela est très bien... Continuons à chercher des solutions pour éviter aux grands labos de perdre trop de profits, à protéger les dividendes des actionnaires, pendant ce temps des milliers de personnes meurent pendant qu'on glose sur l'orthodoxie économique de telle ou telle solution. Les "modalités" de solidarité entre les personnes existent déjà (cotisations sociales par exemple), mais pour une grande partie les revenus du capital échappent à ces prélèvements. Pourquoi ? Dans quelle mesure créent ils de la richesse (autre que virtuelle), des emplois ?
Préconiser une solution qui ne partirait pas du principe de préservation des profits place tout de suite dans une optique d'atteinte à l'entreprise, à la propriété privée, je ne sais quoi... Donc on ne touche pas à l'entreprise, sinon on est taxé de stalinisme je suppose.
Pourquoi ne pas imaginer des systèmes de brevets obligatoirement publics en matière de sujets aussi sensibles ? Les labos pourraient se rémunérer sur des licences, des formations/conseils, du transfert de compétences...
Mais bon je ne suis pas économiste hein, vous allez me dire que "je n'y connais rien"...

Nade

Merci Xavier!

Effectivement il serai plus moral et surement beaucoup plus efficace d'inciter les gens a donner a des associations et des ONG , voir meme a s'engager ( pourquoi pas via une reduction d'impots ).
Incensitive matters, comme dirai l'autre ...

Bernard Salanié

La charite publique evince ("crowds out") la charite privee, c'est un point que je nie pas. Mais si la charite privee est insuffisante, la charite publique peut prendre le relais : les gouvernants (revons un peu...) neutralisent, au moins a l'interieur d'un pays, la tendance naturelle de chacun a esperer que c' est l' argent de son voisin qui contribuera a reduire la faim dans le monde.

L'Etat pourrait aussi, naturellement, renoncer a pratiquer la charite publique directement, et subventionner la charite privee par des deductions d'impot (ce qu' il fait effectivement, en France comme aux Etats-Unis).

Et, charite bien ordonnee, etc, il y a au chapitre 8 de mon (excellent !) manuel de fiscalite une analyse theorique de ces questions :

http://www.amazon.fr/exec/obidos/ASIN/2717844317/qid=1141342206/sr=8-6/ref=sr_8_xs_ap_i6_xgl14/403-4125504-4566859

Nade

Merci Mr.Salanie pour la reference.
J'ai deja lu de vous votres exellent "l'economie sans tabou".
Je vais de ce pas commander votre manuel de fiscalite. J'espere etre au niveau!

V

Un exemple concret de ce qu'il faut faire :

http://www.liberation.fr/page.php?Article=364401

Je pense que le sujet est trop important pour le laisser à la charité publique. Mais il est vrai que dans ce domaine il y a parfois des anomalies troublantes : on pourrait dire qu'en France, le "service public d'assistance alimentaire" a été créé par Coluche, alors que ce service me semble bien plus essentiel que beaucup de services "services publics" assurés par l'Etat...

françois

Ne pas faire payer les firmes pharmaceutiques ? Peut-être !

Posez vous quand même cette petite question : pourquoi Sanofi-Aventis vient-elle de confondre son activité de vaccins (dont le principal débouché est l'Afrique) avec une autre branche pharmaceutique juste avant sa mise en place des normes comptables IFRS ? Tout simplement parce les normes comptables imposent désormais un reporting par segment d'activité, et qu'à laisser l'entité dans son indépendance ancienne, SAnofi aurait été obligé de révéler la rentabilité record de cette branche (gros cash-flow, investissements amortis).

Le rôle financier qu'assigne Sanofi à cette branche, c'est de financer ses investissements très lourds dans les autres domaines. Si elle procédait avec transparence, la pression du public la forcerait à une politique tarifaire plus "citoyenne", plus "durable". Ses actionnaires, bien informés, seraient peut-être même d'accord pour que les investissements nouveaux soient financés de leur poche plutôt que sur la base de la rente extraite des populations africaines (ou plutôt extraite des budgets assumés par les gouvernements et les associations caritatives qui financent l'aide médicale en Afrique).

Qu'on se le dise ! Et pas trop d'angélisme dans l'intervalle.

Flaff

"Mais il est vrai que dans ce domaine il y a parfois des anomalies troublantes"

Lesdites anomalies ne sont que les failles des modèles auxquels on aime à restreindre sa propre réflexion pour affronter un problème temporairement au dela de sa capacité d'appréhension : si la méthode est on ne peut plus recevable pour mener une réflexion scientifique, elle peut être qualifiée de démarche idéologique lorsqu'elle simpose dans le cadre d'une réflexion sociale.

Fort heureusement, quiconque éprouvera le besoin de telles béquilles pour distinguer le possible du souhaitable n'aura probablement pas les moyens de promouvoir sa vision du possible.

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