A force de se moquer des économistes, notre fureur enfle et menace de renverser l'ordre établi. Chi ci frenera in tal momento ? Voyez plutôt ce que j'ai trouvé dans une pub insérée dans Foreign Affairs:
Commons ne méritait pas cela... il n'a pas beaucoup contribué à la pensée économique, mais il a joué un rôle très important dans la politique économique en son temps. Et franchement, je suis plus avenant (en tout cas, ma photo est en couleur).
En parlant de moquerie des économistes, je me souviens d'un numéro spécial de Problèmes Économiques consacré aux idées reçues en économie. Le premier article, dont j'ai oublié les références, expliquait que les économistes étaient paradoxalement les scientifiques les mieux payés et en même temps ceux qui se trompaient le plus souvent dans leurs prédictions/analyses.
Rédigé par : François | 07 février 2006 à 20:06
Il arrive que le consensus entre économistes ait plus souvent raison dans leurs prédictions/analyses qu'une foule d'anonymes choisis au hasard dans une population suffisamment grande ?
Rédigé par : Flaff | 08 février 2006 à 12:30
Oui, il y a des énoncés sur lesquels l'opinion des économistes est majoritaire, juste, et significativement meilleure que celle du vulgum pecus (sur le libre-échange, sur le contrôle des prix, sur le chômage, par exemple). Concernant la prévision, les économistes sont mauvais en moyenne, comme d'ailleurs tous les prévisionnistes dans tous les domaines. Ce qui compte pour faire de bonnes prévisions n'est pas le domaine d'exercice de l'expert mais son attitude. Voir à ce sujet le livre "expert political judgement" dont BS avait parlé il y a quelques temps.
Rédigé par : econoclaste-alexandre | 08 février 2006 à 13:27
econoclaste-alexandre: il me semblait qu'on osait, avec des marges de sécurité raisonnable, limiter les risques de la navigation aérienne et maritime en faisant confiance aux prédictions des météorologues. Il me semble du coup regrettable qu'on accorde pas la même confiance aux économistes sur les énoncés sur lesquels l'opinion majoritaire des économistes est juste.
Rédigé par : Flaff | 08 février 2006 à 16:44
je ne comprends pas ce que veut dire "il y a des énoncés sur lesquels l'opinion des économistes est majoritaire, juste, et significativement meilleure que celle du vulgum pecus"
majoritaire parmi quoi ? si c'est relatif à l'ensemble de la population, comment peut elle différer de celle du vulgum pecus ? Si c'est majoritaire parmi les économistes, on est proche de la tautologie
justes et meilleures ? A moins que Dieu n'ait secretement et directement délivré aux économistes les résultats du concours entre eux et le vulgum pecus, je crois que ces termes ne sont pas tres clairs.
Meme sur le point du libre echange, qui semble le plus consensuel parmi les économistes, je crois que des économistes comme Bairoch et Stiglitz disent respectivement que les USA et certains pays émergents d'Asie ont connu une croissance importante grace a des entorses flagrantes et répétées au libre échange.
Concernant les controles de prix, Tobin a soutenu que les politiques de revenus (un peu différent du controle des prix il est vrai) ont pu avoir des effets bénéfiques durant les périodes de forte inflation.
Quant au chomage, quelle est l'opinion des économistes ? Je sais que les économistes aiment bien utiliser le concept de moyenne, mais mettez ensemble Blinder, Stiglitz, Barro, Prescott et un autre de votre choix dans la meme piece, et j'aimerais bien savoir quelle opinion moyenne sur le chomage va en sortir.
Je n'ai rien contre les économistes, mais cette phrase résume bien la position de ces experts qui ont une "meilleure" opinion que le peuple quand il s'agit de savoir ce qui est bon pour le peuple. Si le peuple veut 7% d'inflation par an, pourquoi devrait-on malgré tout préférer la stabilité des prix préconisée par les économistes ??
je crois que si les économistes sont souvent brocardés, c'est aussi en partie parce qu'ils ont dit pas mal de conneries !!! J'avais suivi un cours d'économie à l'université il y a exactement 11 ans dans lequel le professeur disait que dans 10 ans, (c'est à dire vers 2005), les flux démographiques feraient que le chomage serait extremement faible et que le véritable probleme serait un manque de main d'oeuvre. Sans jeter l'opprobre sur la profession, les charlatans de ce genre sont assez nombreux parmi les économistes.
je ne me suis pas relu, mais mon message n'est pas méchant, j'aime bien ce blog et les réactions des intervenants
Rédigé par : Fred | 08 février 2006 à 17:18
En fait, je faisais allusion aux thèses popularisées par James Surowiecki :
http://www.randomhouse.com/anchor/catalog/display.pperl?isbn=9780385721707 .
en réponse aux remarques de françois "les scientifiques les mieux payés et en même temps ceux qui se trompaient le plus souvent dans leurs prédictions/analyses.", ce qui aurait tendance à laisser penser que la valeur ajoutée des économistes n'est pas la justesse de leurs prédictions ou analyses. A partir de là, ça devient un débat d'opinions.
Rédigé par : Flaff | 08 février 2006 à 17:27
ma phrase était mal écrite. Je voulais dire "l'opinion majoritaire parmi les économistes, quand elle existe, est plus proche de la réalité que l'opinion populaire moyenne" sur pas mal de sujets, et non triviale. Pour le grand public, le chômage, c'est les machines, les immigrés/gens qui travaillent trop, et les importations. Pour l'écrasante majorité des gens un pays s'enrichit en exportant et on s'appauvrit en important. etc, etc. Qu'il existe des différences d'opinion parmi les économistes sur les préconisations et ce qu'il faut faire, c'est évident. Mais ces différences s'appuient sur un degré de consensus remarquablement important sur ce que sont les faits et les mécanismes économiques. Sur le fait qu'il y a pas mal de charlatans, je suis cela dit assez d'accord.
Concernant l'inévitable comparaison avec les prévisions météo, on fait des prévisions météo à 4 jours. A un an, les météorologistes ne font pas de prévisions meilleures que n'importe qui, et ce malgré un système d'informations bien plus élaboré et rapide que celui des économistes. Le fait est que la prévision c'est difficile, pour tout le monde, dans tous les domaines. Et hélas, on écoute les économistes dans les domaines dans lesquels ils sont le moins d'accord et le moins sûrs, et on ne les écoute pas là ou ils disent tous la même chose.
Rédigé par : econoclaste-alexandre | 08 février 2006 à 18:44
econoclaste-alexandre: Ce que vous dites me semble effectivement très sensé.
Mais, au risque de déborder du thème initial, n'y a-t-il pas quelques contradictions entre, par exemple, le contenu d'un enseignement basique à la citoyenneté (respecte les élus, les ministres, vote et surtout vote bien pour celui qui te dira dans la langue que tu peux comprendre quelque chose de conforme à la philosphie de l'existence qu'on t'enseigne) et le contenu d'un enseignement économique basique (la fortune c'est pour tout le monde, si, si, vraiment tout le monde, même, hmmm, enfin, même eux, là).
Je suppose que dans les pays qui se désignent eux-mêmes comme developpés, les croyances "économiques" de la majorité de la population ne sont que les déductions logiques de l'éducation qu'ils reçoivent en vertu de la culture ici dite, de manière certes un peu provocatrice, "developpée" ou "civilisée" ?
En résumé, les économistes ne seraient-ils pas plus écoutés dans les pays dits "en voie de developpement" que dans les pays qui s'estiment developpés ?
Rédigé par : Flaff | 09 février 2006 à 05:42