Je parle de C. Northcote Parkinson, un homme beaucoup plus sérieux que je ne le croyais naïvement, ne connaissant que son ultra-célèbre loi, soit dans sa version originale (de nombreuses imitations circulent) :
Work expands so as to fill the time available for its completion.
Pour quiconque a travaillé dans une bureaucratie (au sens weberien, pas forcément une administration publique), cette observation est assez banale. Mais Parkinson ne s'est pas arrêté là. Dans son immortel ouvrage, "Parkinson's Law---and other studies in administration", il a accompli une oeuvre sublime dont je retiendrai ici que les points suivants :
- l'illustration de sa loi par le cas de l'Amirauté Britannique---de 1914 à 1928, deux-tiers de navires en moins, mais seulement un tiers de marins---et +40% de personnel administratif ;
- une étude empirique poussée du travail en commission qui démontre que les rendements décroissent dès que le nombre de membres dépasse 4 ou 5, et deviennent négatifs en un point qu'il situe à 8 membres, avec cet argument décisif que c'est en fait un nombre de membres très rarement observé ;
- une analyse complète et très convaincante d'une maladie administrative généralement létale, l'"injélite". Parkinson en énumère plusieurs stades :
- l'infection initiale, matérialisée par l'apparition dans la hiérarchie d'un individu presque aussi incompétent (I) qu'envieux (J comme jealous) ;
- la propagation de la maladie, quand cette personne parvient à bloquer les promotions de toutes les personnes moins incompétentes que lui ;
- l'état de coma, quand toute étincelle d'intelligence et tout esprit d'initiative ont disparu de l'organisation
Dans ce troisième stade, Parkinson estime qu'on ne peut plus qu'entourer l'organisation comateuse d'un cordon sanitaire---ou muter ses membres vers une organisation qu'on veut tuer. Une raison d'espérer toutefois : il affirme qu'on a vu quelques cas où une organisation au deuxième stade a été sauvée par l ínjection dans le corps malade d'un profil de dirigeant particulièrement intolérant et caractériel, style sergent des Marines. Si vous vous reconnaissez...
On trouve des description de ce phenomene dans "Elephants can dance" de L Gerstner, ou "Bonjour paresse" pour prendre un cas francais. La maladie me semble moins propre aux administrations qu'aux structures devenues insensibles aux stimulus exterieurs : monopoles (publics ou prives), ou administration protegees de la contrainte de productivité (par un systeme de corps, ou par le "prestige" de l'administration en question).
Rédigé par : V | 29 janvier 2006 à 02:10
Corollaire du principe de Peter (suvi du corollaire de Peter etc.)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_principe_de_Peter
Rédigé par : all | 29 janvier 2006 à 04:10
J'admire aussi Peter (voir mon manuel de fiscalité :-)...mais Parkinson a la priorité de publication (1957), me semble-t-il.
Rédigé par : Bernard Salanie | 29 janvier 2006 à 17:17