Les undergrads de Columbia qui tiennent le magasin de disques n'ont jamais entendu parler de Janis Joplin ! Ils ont pourtant des cours de culture générale... une jeune fille m'a finalement indiqué que ce devait être dans la section "established rock". "Established", JJ, morte à 27 ans d'une overdose après une trajectoire d'étoile filante entre 1966 et 1970 ???? Enfin, j'ai tout de même trouvé son album posthume, "Pearl", indispensable. Et je dédie à cette jeunesse dévoyée une de ses chansons, à prendre au deuxième degré bien sûr :
O Lord, won' t you buy me
A Mercedes-Benz?
My friends all drive Porsches,
I must make amends...
Worked hard all my life,
With no help from my friends.
O Lord, won' t you buy me
A Mercedes-Benz?
"Les ruptures des rythmes naturels (veilles, jeune, abstinence) évoquent plus le domaine religieux que le domaine esthétique, parce que la séparation des deux est consommée dans notre société moderne. Mais ce n'est une conséquence récente de l'évolution de l'organisme social tendant à toujours plus de rationalisation, dont nous sommes d'ailleurs les promoteurs actifs !
A l'échelle sociale, les ruptures des rythmes, les sorties de cycle, ont
pour conséquence d'immédiates baisses du rendement technique des individus (productivité) : éviter de briser les rythmes naturels en isolant le religieux de l'esthétique met l'individu en situation favorable au bon fonctionnement socio-technique. Ce fait a été perçu dès le confucianisme et mis en application à l'échelle décisive dans les sociétés modernes.
il suppose la spécialisation d'une minorité de virtuoses bossant à
contre-rythme et, pour la masse humaine, la soupape de manifestations
filtrées, dosées dans le temps et l'espace, consommables sans graves
perturbations psychologiques."
André Leroi-Gourhan : le geste et la parole : la mémoire et les rythmes, 1965
Rédigé par : Flaff | 11 janvier 2006 à 16:42
Hmm... je déconstruis, je déconstruis, mais je ne comprends pas bien votre intention. Une explication de texte, anyone ?
Rédigé par : Bernard Salanie | 12 janvier 2006 à 10:54
Je veux bien une explication aussi.
Comme quoi, pas besoin d' "abuser" des mathématiques pour se rendre incompréhensible, mais je m'égare...
Rédigé par : ThomasT | 12 janvier 2006 à 12:20
Il me venait à l'esprit que l'histoire de Janis Joplin (qui acheta son mythique cabriolet Porsche avec le premier argent qu'elle put gagner) confirmait la thèse de LG selon laquelle la tendance d'une société se voulant rationelle est d'éviter de briser les rythmes naturels des individus, ne serait-ce que pour ne pas porter atteinte à leur productivité, même dans la cadre des "manifestations dosées dans le temps et l'espace, consommables sans grandes perturbations psychologiques".
L'ignorance dont témoigne les undergrads ne fait peut-être que refléter un moindre besoin de "manifestations dosées" (ou un besoin de manifestations moindrement dosées ?) que leurs aînés, découlant du processus de rationalisation de la société, probablement corrélée aux progrès de productivité accomplis depuis.
Il est donc probable que ce que pouvait alors dire Janis n'a plus aujourd'hui le sens qu'il pouvait avoir aux oreilles d'alors. Et le point intéressant est qu'il me semble qu'on peut s'appouyer sur les thèses de LG pour penser que c'est une évolution sociale corrélée aux gains de productivité.
Rédigé par : Flaff | 16 janvier 2006 à 16:06
C'était il y a bien, bien longtemps, avant le chômage de masse c'est dire combien c'est vieux, Claude Villers, animant avec Patrice Blanc-Francard une émission sur France-Inter, avait entamé une série consacrée à l'histoire du rock. Car, à sa grande stupéfaction, il rencontrait des jeunes gens qui ignoraient tout de Janis Joplin. A dire vrai, à l'époque, j'aurais pu en faire partie. C'était en 1973.
Rédigé par : Denys | 16 janvier 2006 à 16:28