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En exergue :

  • Frank Ramsey, "Truth and Probability" (1926)
    The highest ideal would be always to have a true opinion and be certain of it; but this ideal is more suited to God than to man.
  • Jules Bertaut, "1848 et la Seconde République" (1937)
    L'enthousiasme est pour rien chez nous : aussi les Français, peuple avare par excellence, le répandent-ils avec une générosité qui n'a d''egale que leur versatilité.
  • Turgot, lettre à Du Pont (1773)
    C’est au public lisant et réfléchissant qu’il faut parler, c’est à lui qu’il faut plaire, lui et lui seul qu’il faut persuader ; toutes les flagorneries aux gens en place, tous les petits détours dont en s’enveloppe pour ne pas les choquer sont une perte de temps écartant du vrai but et ne réussissant même pas à faire sur eux l’impression qu’on s’est proposée.

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Commentaires

Provocator

Sur l'urgence social, une solution provocante mais qui contient tout ce qu'il faut pour faire évoluer la situation : http://www.supprimerlechomage.org

urchin

Pourquoi l'égalité républicaine ne pourrait-elle pas être vue comme un argument à part entière et non comme un alibi?

Zartos

L'"affirmative action" ne me gêne pas profondément, mais je suis particulièrement obtus à la définir sur un critère aussi crétin que la pigmentation de la peau. D'autres pistes sont possibles ; la plus intéressante serait certainement l'origine sociale (personnes dont tous les grand-parents appartenaient à une catégorie défavorisée, ou définition analogue) -je suis conscient que le coût qu'occasionneraient les vérifications rend cette méthode difficilement exploitable ; une piste basée sur le lieu de résidence pendant une partie de l'enfance me semblerait jouable et tout de même plus rationnelle que la quantité de mélanine produite par l'organisme.

econoclaste-alexandre

Un excellent article sur l'affirmative action aux USA paru dans le JEP cet été :

http://post.economics.harvard.edu/faculty/fryer/papers/fryer_loury_jepfinal.pdf

V

Provocator : merci pour la citation de http://www.supprimerlechomage.org. Ce n'est pas si provocant que ca.

Je suis d'accord avec BS : les mesures sectorielles ou de discriminations positives sont mauvaises si elles visent à éviter d'aborder un sujet plus large, et se limitent à traiter au cas par cas les problems médiatiques.

La politique ne doit pas etre l'art de faire taire ceux qui posent les problemes, mais celui de les regler. Ce qui me gene dans la crise des banlieues, c'est précisément qu'on fait un nuage de fumée plein de mesurettes pour éviter d'affronter le pb du chomage, dans lequel on sous-investit et on mal-investit à la fois.

C'est une différence profonde avec les USA : ils ont trouvé leur voie vers le plein emploi. Elle a l'inconvenient d'etre inégalitaire et brutale avec les bas revenus. La notre est généreuse en apparence (il affirme des droits à l'égalité, au salaire minimum,...) mais cruelle en pratique car les promesses ne sont pas remplies. Le texte écrit avec Jacques Attali explique ce qu'il faudrait pour aller au bout de notre logique.

C'est ensuite affaire de choix politique : je pense qu'il vaut mieux un modele assumé (libéral ou social-democrate) qu'un choix non assumé. Même si j'ai une nette préférence pour le second - à la fois pour des raisons de valeurs, que parce que je suis convaincu qu'il est le plus efficace à moyen terme.

Bernard Salanie

Je ne comprends pas bien la proposition "supprimer le chomage". Bien sur, on peut verser de l'argent aux chomeurs qui cherchent activement un emploi et a des structures qui les aideraient a en trouver. On a d'ailleurs deja commence a le faire. Mais de la a en attendre des miracles (sauf bien sur pour les actionnaires desdites structures...), il y a un pas, et il est considerable. Quelle structure, par exemple, acceptera de prendre en charge les ex-salaries de 50 ans et plus d'une branche en declin, avec l'obligation de leur "proposer un reclassement dans le secteur marchand à l’issue du contrat, sous la forme d’un emploi suffisamment stable et pérenne" ?

Cette proposition est truffee de phrases-choc qui, apres vingt ans de chomage au-dessus de 8%, ne pretent meme pas a rire : "Autrement dit, notre réforme conduit à supprimer le chômage" ; et ce joyau : "Sans entrer dans un modèle économique sophistiqué, si cette réforme ne réussit qu’à moitié, et que la richesse créée ne correspond qu’à la moitié des revenus versés (environ 40 milliards selon notre estimation), le PIB français sera déjà augmenté d’environ 20 milliards annuels, en même temps que disparaîtrait le chômage tel que nous le connaissons aujourd’hui." Je n'ai pas compris ce raisonnement, je suppose qu'il me manque un "modele economique sophistique"...

V

La proposition vise à lancer un débat, c'est réussi. Je ne connais pas les pratique en vigueur outre atlantique, mais j'espère qu'il est possible de le conduire d'une façon respectueuse.

1 - Sur les structures il y en a déjà, notamment les entreprises d'insertion (la plus grosse, Vitamine T, emploie 2500 salariés dans le Nord de la France, exclusivement recrutés parmis les personnes dont vous jugez que personne ne les prendrait en charge). Voyez aussi ce qui a été mis en place par Arcelor dans l'exemple cité dans la note. Voyez aussi ce que font les société de réindustrialisation, qui ont un métier également proche.

Le mécanisme qui est derriere ca pourrait etre présenté comme suit à un microéconomiste : c'est un mécanisme de "droits à reclassement", attachés aux chomeurs les plus en difficultés. Le systeme mis en place conduira à confier ces droits (et le salarié concerné) à l'acteur économique le mieux à meme de gérer le probleme. Actuellement on fait des choses bcp plus grossieres : on indemnise sans accompagner (cf stats derniere page), on créer des contrats uniques complexe et au financement forfaitaire (trop fort pour les personens les plus proches de l'emploi, trop faible pour les autres).

2 - Et si en 1990 un article avait indiqué comment supprimer l'inflation en créant un systeme de pilotage monétaire différent, avec un preteur en dernier ressort européen, auriez-vous trouvé que cette proposition prete à rire ? Pourtant après des années d'inflation a deux chiffres...

Plus serieusement, cette proposition pousse un modèle "d'accompagnement des demandeurs d'emploi" jusqu'à son extrémité. Vous pouvez avoir votre avis sur l'efficacité (sous reserve d'avoir fait un tour d'horizon suffisamment large sur ce qui existe concretement, en dehors des gros dispositifs publics qui ont des limites cohérentes à leur centralisme). C'est un domaine complexe dans lequel la solution n'est ni dans les modèles, ni dans las statistiques, ni dans les dispositifs publics mais qque part au milieu de tout ca.

L'économie a apporté bcp à la réflexion sur ces questions, mais elle ne suffit pas - pas plus qu'il n'existe un chef d'entreprise sensé dans le monde qui fait reposer une seule de ses décision sur la seul base d'une étude d'expert, hors de toute prise en compte de la réalité de terrain.

3 - C'est simple : une réforme financée à enveloppe constante. 40 Mds de revenus versés. 20 Mds de valeur productive en plus (donc de PIB "utile" - ce que ne sont pas les allocation actuelllement versées : cf la derniere page de l'étude qui indique ce que "produisent" aujourd'hui 3 millions de demandeurs d'emploi).

J'aurais à mon tour plusieurs questions :

1 - Le chomage est un dysfonctionnement. Qui pour vous doit en payer le cout ? L'internalisation de ce dysfonctionnement vous semble-t-elle injustifiée ?
2 - Que proposez-vous pour concilier les objectifs de solidarité (ne pas laisser les chomeurs sans allocs), de maintien des inégalités salariales (SMIC), de financement de la protection sociale et d'accompagnement des demandeurs d'emploi ?
3 - Que proposez-vous pour aborder ce probleme ? Quelle est la demonstration assurant à 100 % de l'efficacité de votre proposition ?

Cdlt,

V

Bernard Salanie

(J'avais ecrit une reponse a V vraiment desagreable, que je prefere remplacer par un commentaire plus conciliant, apres avoir compris que dans le texte Attali-Champain, "supprimer le chomage" est plus un jeu sur les mots qu'autre chose).


Sur le fond, on peut difficilement etre contre l'idee qu'accroitre les incitations de certains chomeurs a retrouver un emploi, ainsi qu'ameliorer la productivite de leur recherche, ne soit pas utile---il y a longtemps que c'est une des antiennes des rapports sur le chomage ; mais

1) il est notoirement difficile d'agir sur le premier point sans mobiliser des sommes considerables

2) ameliorer la productivite de la recherche, c'est bien joli ; mais en pratique, on n'a pas beaucoup d'idees pour le faire a un cout raisonnable. L'Etat, employeur de dernier ressort dans ce projet, est encore une fois la base de la solution. Je percois un argument vague sur la necessite de faire prendre conscience a la societe de ses dysfonctionnements, sans doute en doublant les effectifs de la fonction publique d'Etat. Je suis tres sceptique sur ce point---toujours pour rester modere.

3) La proposition Attali-Champain suppose implicitement que les gens qui ne trouvent pas d'emploi soit n'en cherchent pas, soit ont du mal a trouver l'emploi qui les attend quelque part. En les incitant a chercher plus, et en les aidant dans leur recherche, on supprimerait donc le probleme. Eureka ! Bien sur, la realite est plus deprimante : beaucoup de chomeurs auraient du mal a retrouver un emploi, parce qu'ils sont insuffisamment qualifies pour qu'un employeur accepte de leur payer le salaire minimum. Ce n'est pas ce genre de formule qui va les aider ; et ce sont precisement ceux qui meritent le plus notre attention, parce qu'ils sont naturellement surrepresentes parmi les chomeurs de longue duree, ceux pour qui le chomage est l'experience la plus douloureuse. La requalification a des limites bien connues, des centaines d'etudes en temoignent. Le texte mentionne brievement une subvention a l'emploi pour ces cas difficiles, et j'applaudis. Mais on est loin d'un "changement de paradigme"...c'est ce qu'ont fait les gouvernements, d'une maniere ou d'une autre, depuis 1993.

Entre parentheses, des accroches comme "Et si en 1990 un article avait indiqué comment supprimer l'inflation en créant un systeme de pilotage monétaire différent, avec un preteur en dernier ressort européen, auriez-vous trouvé que cette proposition prete à rire ? Pourtant après des années d'inflation a deux chiffres..." n'ajoutent pas a votre credibilite. L'inflation a deux chiffres, c'etait fini en France en 1984 ; et en 1990 on sortait de cinq ans en-dessous de 5%. La Banque Centrale Europeenne a bien du merite a avoir tue notre inflation... apres 1999 :-)

V

Oui : la proposition ne prétend pas innover dans l'analyse (elle cite plusieurs articles antérieurs, mais on pourrait en citer bien d'autres, notamment d'excellents travaux sur les incitations), ni forcement dans la boite à outils, mais de proposer une démarche qui permette de débloquer les nombreux "cloisonnements" de notre systeme. Cf la présentation audio sur le site http://www.supprimerlechomage.org.

1- C'est très difficile. Ca fait plus de dix ans que je tourne auprès de la question (comme economiste, comme budgétaire de l'emploi, comme fonctionnaire aux affaires sociales, comme cadre sup d'une entreprise en restructuration, et maintenant comme responsable local sur ces questions).

C'est ce qui me fait penser que notre connaissance avance par tatonnement, avec d'un cote l'apport des études (sur les incitations à l'emploi, ), de l'autre coté les expériences (locales, associatives, d'entreprises) et du troisieme l'apport du management des services (comment gérer des armées de personnes qui produisent du service : Accor le sait, Manpower le sait, l'ANPE a connu des réussites et des difficultés, l'administration repose trop sur le regle, sur la centralisation, des outils centralisateurs et pas assez sur un management moderne).

Il faut en effet mobiliser des sommes considérables : plus fortes qu'actuellement (cf article), mais moins qu'on ne le ferait avec unbe régle de trois (si on passe à des échelles industrielles, on économise un peu). D'ou notre proposition : assumons totalement notre volonté de traiter le probleme, ou notre volonté de le renvoyer sur chacun.

2 - Si, il y a des idées, mais elles ne sont pour l'essentiel pas dans les études. Et c'est normal : un étude n'a pas vocation à générer de la créativité, mais à mesurer, objectiver ou donner des amorces d'idées. La creativité vient de la rencontre d'expériences et de cultures différentes - comme sur ce blog :-). Ca fonctionne aussi par itérations successives : d'ou le choix de lancer l'article, pour l'enrichir de tous les commentaires possibles.

3 - Je n'ignore pas les causes macro et micro. En revanche la recette proposée consiste à créer une pression, qui poussera à les résoudre.

Notre proposition touche le probleme du gap entre les qualifs des personnes et les besoins de deux facons : 1- formation 2- pression au développement d'activité adaptée au niveau de qualif. L'association Vitamine T fonctionne comme çà : elle consomme des aides (20 % de ses revenus) qui permettent de résoudre le gap SMIC-prix de marché, et elle forme les personnes.

Ce qu'on fait tous les gouvernement c'est conserver le centralisme (1ere erreur), mettre des moyens infimes (2e erreur), maintenir un systeme dont l'incitation est plus de faire basculer les chomeurs dans d'autres catégories plutot que de résoudre leur probleme (3e erreur) et chanegr d'avis au gré des changement de gvt (4e erreur).


Sur le dernier point la logique BCE mise en place dans les année 80 (et non 90 en effet!) aurait attaqué le pb. Un probleme massif complexe et dur à attaquer ne traduit pas forcément une absence de solution. Il peut aussi traduire le fait que la solution n'a pas encore suffisamment fait son chemin pour qu'un consensus social suffisant vienne la porter.

jacques attali

Cette discussion apporte beaucoup d'idées passionnantes à notre article et je vous en suis tres reconnaissant. L'idée centrale est de considerer que se former et chercher un travail est une activité socialement utile méritant rémunération. Le reste, c'est à dire l'essentiel, vise à l'organiser. La comparaison avec l'idée de l'euro, qui a participé à la suppression de l'inflation, est flatteuse, et j'espère fondée. Il s'agit aussi d'un acteur de dernier ressort, qui vise à changer la nature du problème. Ici, à changer la définition meme du travail, ouvrant droit à rémunération. Tout ce qui permettra de mieux comprendre son application, et en particulier d'éviter que cela transforme les chomeurs en fonctionnaires d'etat, est bienvenu . Merci de nous accueillir et de nous permettre de progresser.

Olivier

"La comparaison avec l'idée de l'euro, qui a participé à la suppression de l'inflation, est flatteuse, et j'espère fondée. Il s'agit aussi d'un acteur de dernier ressort, qui vise à changer la nature du problème"

Je ne crois pas que l'Euro contribue directement à supprimer l'inflation. La lutte contre l'inflation est antérieure à la création de l'Euro et dépend avant tout du comportement de la banque centrale. A la limite, compte tenu des asymétries de conjoncture entre les pays, l'Euro rend plus difficile un controle précis de l'inflation au sein de chaque pays membre (des taux d'inflation un peu élevés au sein de petits pays pourront etre tolérés si les grands pays ont un faible taux d'inflation).

Autrement, j'ai une question pour Mr Salanié, relative à sa phrase "beaucoup de chomeurs auraient du mal a retrouver un emploi, parce qu'ils sont insuffisamment qualifies pour qu'un employeur accepte de leur payer le salaire minimum."

C'est une idée que l'on retrouve dans certains de vos articles, comme celui de 2000 avec G. Laroque. La question que je me pose alors est : "pourquoi ces chomeurs continuent à chercher un emploi ?"
La productivité d'un individu doit a priori etre connue de celui-ci, et le salaire minimum est une information publique. Si la recherche d'emploi est couteuse (en temps ou en argent), alors ces individus n'ont aucune raison de chercher activement un emploi, puisque cette recherche dététiore au final leur bien-être (la probabilité de trouver un emploi est nul et le coût de recherche est positif).

Bernard Salanie

Olivier, il y a deux points faibles dans votre argument. Le premier est que si je connais ma productivite (et les jeunes mettent sans doute du temps a l'apprendre), ce n'est pas le cas des employeurs potentiels ; je peux donc trouver un emploi meme si le cout du Smic est superieur a ma productivite---j'aurai sans doute du mal a le garder longtemps, en revanche. Le second est qu'il y a des zones d'ombre dans l'implication chomeur ---> en recherche active d'emploi. Il y a sans doute des chomeurs assez decourages qui ne recherchent un emploi que parce que c'est une condition pour conserver les allocations---une condition appliquee de maniere variable selon le lieu et l'epoque.

Antoine, Julien et Camille

Un commentaire critique de la proposition de Jacques Attali et Vincent Champain est téléchargeable à l'adresse suivante:

http://www.jourdan.ens.fr/grenet/Divers/contribution.pdf

Antoine Bozio, Julien Grenet et Camille Landais.

V

Un commentaire critique sur le commentaire critique est disponible sur le blog de http://www.supprimerlechomage.org. Dans les grandes lignes : je ne partage pas votre avis, même si les questions que vous posez sont pertinentes.

Je vous invite également à alimenter la rubrique "et vous, que proposez-vous ?". Cdlt,

V

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