Supposons que vous ayez obtenu (gratuitement) un billet pour un concert de Joooooohnny, et que vous n'ayez pas la possibilité de le revendre. Le même soir se produit Jean-Marc Bigard (représentation unique, grâce à Dieu). Vous seriez prêt à payer 50 euros pour voir Bigard---tous les goûts sont dans la nature ; et il fait payer 40 euros un billet d'entrée. Irez-vous voir Johnny si vous évaluez sa prestation à 0 euro ? à 15 euros ? à 30 ?
La réponse correcte est non, oui et oui. Si vous évaluez la prestation de Johnny à x euros, vous devez comparer x à 50-40 =10 : c'est le coût d'opportunité que représente pour vous la valeur (nette du coût du billet) des vaticinations de Bigard. Les économistes se gaussent facilement des profanes qui n'ont pas pénétré les secrets du calcul économique. Malheureusement, il semble que beaucoup d'entre eux aient du mal à appliquer les principes qu'ils enseignent, même sur un exemple aussi simple... les tristes détails sont dans cet article de Robert Frank (de Cornell) dans le New York Times d'aujourd'hui.
Ce que montre cet expé, est-ce que les économistes ont tort, ou que les regles de modelisation des comportements le sont ? Implicitement on fait plusieurs hypotheses :
- que l'argent perdu et l'argent gagne se mesurent sur une meme echelle
- que le risque est nul
- qu'un estimation de la valeur d'un concert est une évalutation exacte et sans risque
- que la variance sur la valorisation de Bigeard est identique à celle pour Johnny
Toutes choses inexactes !
Rédigé par : V | 02 septembre 2005 à 01:52
euh, personnellement je n'ai rien compris ;-(
Rédigé par : jid | 02 septembre 2005 à 03:14
C'est Jean-Marie Bigard celui qui bourre Bercy
Rédigé par : all | 02 septembre 2005 à 04:01
Ah bon Thierry Breton a demissionné suite au scandale de l'entente dans la téléphonie mobile ???
Rédigé par : Francis Amer | 02 septembre 2005 à 07:38
de toute facon , moi j irai écouter Benabar....
Rédigé par : Marion | 02 septembre 2005 à 09:27
* V : "Implicitement on fait plusieurs hypotheses"... bien sûr, sans quoi on ne pourrait pas avancer. Ce sont des hypothèses bien connues des économistes, et cela ne peut donc servir à les excuser.
* jid : supposons que vous ayez la possibilité d'acheter pour mille euros un ordinateur dont vous savez que vous pourrez immédiatement le revendre à Johnny pour deux mille euros. Le profit de cette opération est de mille euros. Mais si vous aviez aussi la possibilité de placer ces mille euros dans l'achat d'un lecteur DVD dont Bigard, encore + bête que Johnny, est prêt à vous donner trois mille euros, alors l'achat de l'ordinateur ne paraît plus aussi profitable... c'est ce qu'on entend par coût d'opportunité. Ici, l'achat d'un ordinateur procure un profit de mille euros mais a un coût d'opportunité de deux mille euros. De même, dans l'exemple des spectacles, aller voir Johnny procure un "profit" égal à la valeur de son spectacle (x) moins le coût du billet (0) ; mais on y perd un temps qu'on aurait pu passer à obtenir un "profit" de 50-40=10 chez Bigard. Ces 10 euros sont le coût d'opportunité auquel il faut comparer x.
Rédigé par : Bernard Salanié | 02 septembre 2005 à 19:51
Oui mais peut-on reprocher aux economistes de se comporter comme des hommes, plutot que comme leurs modeles ???? Si c'était le cas on aurait affaire à des égoistes manipulateurs, calculateurs et court termistes qui finiraient probablement à se regrouper en secte.
C'est bien une fiction, hein ???
Rédigé par : V | 03 septembre 2005 à 03:56
Cet article est très intéressant. Je serais amusé de voir les résultats en France, et plus particulièrement dans le temple de la modélisation-sans-réfléchir dans lequel vous avez enseigné : l'ENSAE.
La didactique de l'économie a encore beaucoup de progrès à faire pour être considérée par les universitaires comme une science valant que les professeurs s'y penchent.
Rédigé par : bliblo | 05 septembre 2005 à 07:28
ok, compris cette fois-ci!
Rédigé par : jid | 05 septembre 2005 à 07:45
L'ENSAE "temple de la modélisation-sans-réfléchir", j'ai déjà entendu cela de nombreuses fois. Je suis d'accord avec l'idée que l'enseignement de l´économie (à l'ENSAE comme ailleurs) devrait plus s'appuyer sur des illustrations des mécanismes en jeu. Mais cela (qui se pratique aux Etats-Unis) prend beaucoup de temps : disons 60 heures pour un cours d'introduction à l´économie ("principles"), 30 en microéconomie un peu plus formalisée ("intermediate", je commence demain...:-)), idem en macroéconomie. L'ENSAE ambitionne d'enseigner aussi la statistique et l'économétrie, sans parler de droit ou de comptabilité. Le temps disponible est insuffisant pour ajouter beaucounp d'exemples. Ceci dit, l'ENSAE a tout de même formé un pourcentage élevé des économistes francais les plus connus à l'international... mais je soupconne que vous accuseriez aussi ces personnes de faire de la "modélisation-sans-réfléchir".
Rédigé par : Bernard Salanié | 05 septembre 2005 à 09:26
> mais je soupconne que vous accuseriez aussi ces personnes
> de faire de la "modélisation-sans-réfléchir".
Point, point... De fait, les qualités scientifiques des professeurs de l'ENSAE m'ont toujours imposé le respect. En revanche, leur absence de compétences didactiques me laisse songeur... Il est vrai que le contrat que s'impose l'école est intenable. Mais je diverge... Reste une chose : les anlo-saxons sont meilleurs pédagogues. Probablement parce que le pédagogie est valorisée comme une qualité désirable pour un cours.
Rédigé par : bliblo | 07 septembre 2005 à 17:15