Ipsos a eu l'excellente idée de comparer les sondages "sortie des urnes" de Maastricht 1992 et de TCE 2005. Il y a des constantes, bien sûr, comme le fort soutien (2/3 de "oui") des cadres supérieurs et des professions libérales, et des bac+3 en général, et à un moindre degré des plus de 60 ans ; à l'inverse, les électeurs du Front National sont invariablement non-istes, à 90%. Mais ce sont les différences qui sont le plus intéressantes.
- Curieusement, il s'était trouvé près de 30% des électeurs d'extrême gauche pour juger que Trotsky aurait approuvé l'Union Economique et Monétaire ; ils ont jugé le mois dernier, à plus de 90%, que le TCE ne lui aurait pas plu.
- Le "oui" à l'UEM était de gauche : 40% des électeurs de l'UDF et 60% des électeurs du RPR avaient voté contre. En mai 2005, les rôles se sont inversés : la droite parlementaire a voté massivement "oui" (à 73%), et la gauche parlementaire "non" à 63%.
- On l'a maintes fois souligné, mais quand même... le "oui" n'est majoritaire qu'à partir d'un revenu net mensuel du foyer de 3000 euros par mois. Cela représente un niveau de vie d'en gros 2000 euros par mois et par "unité de consommation" : le TCE n'a convaincu que les 20% de foyers les plus aisés. Malheureusement, Ipsos ne présente pas de chiffres comparables pour Maastricht 1992.
- Je note aussi que parmi les motivations du "non", "c'est l'occasion de s'opposer au gouvernement et à Jacques Chirac" n'arrive qu'en huitième position ; cela dit, les motivations proposées sont loin d'être indépendantes et il ne faut peut-être pas attacher trop de crédibilité à cette question.
- De même, la question portant sur "la poursuite de la construction européenne" (72% des interrogés sont favorables, seulement 23% défavorables) n'est pas vraiment Wertfrei : le terme "construction" a des connotations positives évidentes. Qui est favorable à la destruction de l'Europe ? Pas moi, malgré les soupçons que ma conduite dévoyée a pu inspirer ici ou là.
"Je note aussi que parmi les motivations du "non", "c'est l'occasion de s'opposer au gouvernement et à Jacques Chirac" n'arrive qu'en huitième position ; cela dit, les motivations proposées sont loin d'être indépendantes et il ne faut peut-être pas attacher trop de crédibilité à cette question."
Même remarque sur l'aspect rejet du libéralisme.
http://optimum.tooblog.fr/?2005/05/30/114-ca-se-confirme#co
Rédigé par : Econoclaste-SM | 08 juin 2005 à 18:04
Ma tentative d'analyse du 2 juin, basee sur les memes donnees :
http://econoclaste.org.free.fr/modules.php?op=modload&name=News&file=article&sid=152&mode=thread&order=0&thold=0#tid552
Laurent
Rédigé par : guerby | 08 juin 2005 à 18:29
Une des raisons du vote "oui" à gauche en 1992 et "non" en 2005 est probablement qu'en 1992, la gauche était aux affaires, non ?
Rédigé par : Paxatagore | 09 juin 2005 à 01:57
Les étudiants et les retraités ont voté oui au TECE comme à Maastricht. Le non est le vote des actifs et des chômeurs, le parti politique étant la caisse de résonance, un vote acrimonieux.
Rédigé par : all | 09 juin 2005 à 03:38
Le Canard Enchaîné d'aujourd'hui note que les résultats des sondages "sortie des urnes" diffèrent radicalement selon les instituts. Ainsi, les électeurs des Verst auraient voté pour le "oui" à 60%, ou pour le "non" dans les mêmes proportions...ce qui a évidemment des conséquences sur la lutte de pouvoir au sein du parti écologiste, qui vous passionne sûrement autant que moi. Il y a tout d'abord des fluctuations d'échantillonnage ; mais avec 3355 interrogés dans le sondage Ipsos que j'ai cité, disons 200 électeurs Verts, l'erreur probable sur la proportion de "oui" parmi eux doit être de l'ordre de 3 points, pas 10 ou 20. Le coupable doit être en fait la propension des électeurs à mentir aux sondeurs, surtout quand ils sont interrogés devant leur conjoint ou leurs enfants qui n'ont pas forcément voté de la même façon (ou même en fonction du look et de l'attitude de la personne qui les interroge). Les instituts "redressent" de ce biais, mais en utilisant des hypothèses héroïques et très variables selon les sondeurs.
Rédigé par : Bernard Salanié | 09 juin 2005 à 07:44