Si la zone Euro a de plus en plus de mal à exporter son modèle social, les chiffres publiés par le récent World Economic Outlook du Fonds Monétaire International montrent qu'elle se rattrape sur ses exportations de biens et services. Voici un extrait qui compare parts de la population mondiale, parts de PIB (en parité de pouvoir d'achat) et parts des exportations de biens et services en 2004 : Pays |
Population (%) |
PIB (%) |
Exportations (%) |
Etats-Unis |
4,7 |
20,9 |
10,4 |
Zone Euro |
4,9 |
15,3 |
31,1 |
Allemagne |
1,3 |
4,3 |
9,5 |
France |
1,0 |
3,1 |
4,8 |
Royaume-Uni |
1,0 |
3,1 |
4,7 |
Italie |
0,9 |
2,9 |
3,8 |
Japon |
2,0 |
5,7 |
6,9 |
Canada |
0,5 |
1,9 |
3,4 |
"Tigres" |
1,3 |
3,5 |
9,6 |
Afrique |
12,5 |
3,3 |
2,2 |
Chine |
20,7 |
13,2 |
5,9 |
Inde |
17,3 |
5,9 |
1,0 |
Brésil |
2,8 |
2,6 |
1,0 |
La zone Euro, qui ne représente que 4,9% de la population mondiale et 15,3% du PIB mondial, réalise quand même 31,1% des exportations. L'Allemagne, "l'homme malade de la zoen Euro", continue gaiement à y contribuer pour près d'un tiers ; en fait, les "tigres asiatiques" (Hong Kong, Corée du Sud, Singapour, Taiwan) ne font pas mieux, pour une population comparable. (L'Allemagne, "tigre malade de la zone Euro" ? à creuser...). Mais la France s'en tire bien aussi, au même niveau que le Royaume-Uni. A noter, la place surprenante (pour moi) du Canada parmi les pays qui exportent nettement plus que leur part de population---il est vrai que le Canada est "resource-rich". Les Etats-Unis, quant à eux, n'exportent guère plus que les Allemands, pour une population plus de trois fois plus nombreuse ; contrairement à ce qu'on lit souvent, la prospérité des Etats-Unis n'est pas surdéterminée par leurs performances à l'exportation.
Du côté des pays en voie de développement, il y a des promesses déçues, comme le Brésil qu'on présentait comme une future superpuissance il y a trente ans. On remarquera aussi que la Chine, dont on parle tant, ne réalise que 5,9% des exportations mondiales, pas tellement plus que la France---comme un officiel chinois l'a souligné, il faut vendre beaucoup de chemisiers pour se payer un Airbus... Quant à l'Inde, qui commence déjà à effrayer nos protectionnistes, son milliard d'habitants en reste à un maigre 1% des exportations mondiales.
Ne cédons pas au mercantilisme : les exportations ne sont pas un indice de prospérité. Mais il me semble que de tels chiffres peuvent contribuer à combattre certains clichés.
Merci, c'est instructif et bien commenté. :)
Mais qu'est ce qui dope la croissance Américaine ? La consommation ?
Rédigé par : all | 04 juin 2005 à 02:17
Si on prend un modèle tres basique dans lequel chacun echange avec ceux qui se trouvent dans un rayon de x Km, on peut montrer que le taux d'exportation est proportionnel au rapport "longueur de frontieres / surface". En gros, un petit pays entouré de gros pays va exporter beaucoup. Un gros pays perdu au milieu de la mer exportera moins.
Faut-il chercher du dynamisme et de la performance la ou il n'y qu'une simple loi physique ? C'est un peu comme les comparaison sur les croissances US et Européenne, qui oublient de prendre en compte d'une part, les différences démographiques, et, d'autre part, l'afflux de capitaux...
Rédigé par : Mouaif | 04 juin 2005 à 02:46
Pour la bonne compréhension du tableau, les échanges internes à l'Union européenne (disons une vente du Royaume-Uni à la France métropolitaine, pour fixer les idées) ne sont pas considérés comme des exportations, je suppose -sans en être certain ? Pouvons-nous avoir confirmation de cette interprétation ?
Rédigé par : Zartos | 04 juin 2005 à 04:15
1) Le chiffre de 31,1% pour la zone Euro comprend les flux intrazone ; sinon, on tomberait à 10-15%, je crois. Mais la plupart des pays du monde appartiennent à une zone de libre-échange régionale... il est difficile de savoir où tirer le trait.
2) La croissance américaine a été de 10,4% entre 2000 et 2004. Elle est assez équilibrée (à l'exception évidente du commerce extérieur : +15,5% pour les importations, +2,2% pour les exportations). La consommation des ménages a crû de 13,3%, l'investissement privé de 6,2%, et les dépenses publiques de 13,1%.
3) Mouaif fait bien de souligner que la géographie joue (encore) un role important dans les flux commerciaux, d'où le succès du "modèle de gravité" qui relie les flux entre pays au produit de leurs PIB divisé par une fonction de la distance entre eux. Jonathan Eaton et Samuel Kortum sont allés plus loin dans un article récent (Septembre 2002) d'Econometrica. Pour caricaturer leur approche, ils essaient d'expliquer les flux internationaux entre 19 pays riches en 1990 par la géographie et les barrières internationales (la langue, les droits de douane...) ; la partie inexpliquée permet d'obtenir une mesure de la "compétitivité" des différents pays. Leurs résultats (Table III) placent le Japon et les Etats-Unis en tête, devant l'Allemagne, l'Italie, puis la France et le Royaume-Uni ; les Pays-Bas, la Belgique et la Grèce ferment la marche. (Et pour info, l'appartenance à l'Union Européenne ne joue quasiment aucun rôle...).
Rédigé par : Bernard Salanié | 04 juin 2005 à 05:35
Pour les USAs, une question est quelle est la part de la consommation et donc croissance financee par de la dette (en particulier hypothecaire qui est beaucoup moins developpe en Europe je crois). Quel montant a depenser aurait-on en France si le taux d'endettement des francais s'alignait immediatement sur celui des USA ? Est-il suffisant pour combler le fameux differentiel de croissance dont on nous parle en permanence ?
Rédigé par : guerby | 07 juin 2005 à 17:42
Sur le blog "calculated risk" :
>
http://calculatedrisk.blogspot.com/2005/06/americas-debt-binge.html
Laurent
Rédigé par : guerby | 11 juin 2005 à 17:08
Ooops, ma citation a ete mangée :
With approximately $600 Billion in new debt in Q1 (reported as $2.4 Trillion annualized) and GDP growth of approximately $50B for Q1 (current dollars - see table 3) is the United States just buying growth with debt?
Rédigé par : guerby | 11 juin 2005 à 17:09