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En exergue :

  • Frank Ramsey, "Truth and Probability" (1926)
    The highest ideal would be always to have a true opinion and be certain of it; but this ideal is more suited to God than to man.
  • Jules Bertaut, "1848 et la Seconde République" (1937)
    L'enthousiasme est pour rien chez nous : aussi les Français, peuple avare par excellence, le répandent-ils avec une générosité qui n'a d''egale que leur versatilité.
  • Turgot, lettre à Du Pont (1773)
    C’est au public lisant et réfléchissant qu’il faut parler, c’est à lui qu’il faut plaire, lui et lui seul qu’il faut persuader ; toutes les flagorneries aux gens en place, tous les petits détours dont en s’enveloppe pour ne pas les choquer sont une perte de temps écartant du vrai but et ne réussissant même pas à faire sur eux l’impression qu’on s’est proposée.

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Commentaires

Matthieu

C'est beau, c'est bien écrit, c'est bien pensé mais ... le choix est assez binaire et donc sera noyé dans un NON qui ne représente pas du tout votre position très intellectualisée, balancée (au contraire même sur les points positifs que vous évoquez, ils seraient plutôt contre vous). Comme le disait Michel Rocard, il faut mieux avancer un peu que pas du tout, surtout avec les traités actuels. Venant d'un parlementaire européen qui a su montrer son utilité (notamment sur le projet de réforme des brevets), je le prends presque comme une raison suffisante pour voter OUI.

PS : sinon j'aime lire votre blog, keep going ! C'est rare les économistes français sur le net.

Bernard Salanié

Les risques de mauvaise interprétation sont grands des deux côtés : un "non" vu comme antilibéral, ou un "oui" vu comme un satisfecit global sur la construction européenne. C'est pourquoi j'ai finalement résolu d'en faire abstraction. Et encore une fois, le scénario qui me paraît le plus plausible après un éventuel "non" n'est pas un retour en arrière ; je fais le pari que le Conseil Européen adoptera simplement les points qui me paraissent positifs.


PS : je suis aussi reconnaissant à Michel Rocard de son travail contre les brevets logiciel !

Eric

Bonjour Bernard,
La théorie des options réelles (des options en général d'ailleurs) est effectivement fort utile pour déchiffrer maintes situations dans lesquelles nous sommes conduits à décider de faire ou de ne pas faire. Par exemple, comme indiqué dans ta note, il y a "urgence à se hâter lentement", c'est-à-dire à attendre. Néanmoins, il me semble que le diagnostic n'est pas aussi simple. La théorie a mis longtemps à reconnaître ces phénomène de flexibilité (encore que Arrow, Henry etc...) et je pense que nous ne sommes pas au bout de nos peines: Comment faire pour recenser précisément les options (et je ne parle même pas de leur évaluation) dont nous sommes en tant que décideurs "longs" ou "courts" (pour employer le jargon financier). Il me semble qu'en insistant sur la valeur nette suffisamment importante que doit générer le oui au TCE pour compenser la perte de l'option d'attente, tu omets les éventuelles options qui seraient perdues si nous tergiversons trop longtemps. Je ne dis pas qu'elles existent ou qu'elles sont suffisantes en valeur pour compenser l'option d'attente, je pense simplement que le diable est dans les détails et que lorsque l'on commence à penser en termes d'options, on les voit partout et... on ne peut plus s'en passer. C'est un peu comme la chasse au papillon. Qui plus est, certaines options sont collectives (elles concernent tout le monde), d'autres le sont moins (elles ne valent que pour certains et n'ont aucune valeur pour d'autres).
Dans tous les cas, il s'agit d'un sujet passionnant et ta manière de procéder avec prudence et précisément sans passion devrait en inspirer plus d'un. Pour la petite histoire, j'ai donné à mon fils (seize ans) ton livre à lire et, guess what, selon ses termes "ça le fait!".
PS: J'ai quitté HEC depuis plus de dix ans (mais continue à me passionner pour la finance et l'économie) et je t'en dirai plus par e-mail si tu as deux minutes.

guerby

Matthieu : comme le précise Bernard, même si Michel Rocard fait un superbe boulot législatif, la commission va tout effacer et reproposer son texte inchangé (sur le fonds) en conciliation, la seule chose que pourra faire en pratique le parlement est dire non au texte.

Au passage, sur la propriété intellectuelle, le traité est "malheureusement" novateur, son article II-77 alinéa 2 précise "La propriété intellectuelle est protégée." ce qui est la position la plus extremiste sur le sujet de toutes les constitutions que je connaisse. Au revoir le nécessaire équilibre entre le bénéfice pour la société et la propriété "intellectuelle" au sens strict. J'ai même l'impression que la plupart des économistes libéraux ne se reconnaitraient pas dans ce jusqu'auboutisme stérile.

Laurent

Bernard Salanié

J'ai reçu des commentaires par email, en plus de ceux qui précèdent. Je les considère pour la plupart comme très pertinents et j'y répondrai dans les prochains jours. Mais vous devriez sans doute vous méfier de ce que je peux écrire sur ce blog. Le Monde de ce soir nous apprend en effet que lors du débat sur la réglementation du temps de travail au Parlement Européen, Mme Castex (PSE) s'est exprimée ainsi :

"Quantité de rapports montrent qu'au-delà de 50 heures de travail la santé du salarié est en danger, et que la sécurité de ce qu'il fait n'est plus assurée."

Marc

Cher Bernard,
Je m'étonne que Giuliano Amato, juriste de renom et l'un des plus illustres Présidents du Conseil italien ait entériné un tel méli-mélo ; ou bien la faute est-elle entièrement attribuable à la commission intergouvernementale qui s’est emparée du texte le 4 octobre 2003?

Bernard Salanié

Cher Marc, je crains que le projet entériné par la Convention (que j'ai aussi consulté) n'ait pas été très différent dans ses grandes lignes---à l'importante exception du seuil de population pour la majorité qualifiée. Ce "méli-mélo" est en fait le produit d'une lente sédimentation depuis 1957. Je reviendrai là-dessus.

Fabien et Thomas

1/ Vous utilisez un cadre conceptuel intéressant mais qui pêche à notre sens par son implémentabilité limitée dans le cas présent: vous estimez que le "plus" (que vous reconnaissez justement) du TCE n'est pas suffisant pour compenser l'incertitude et l'irréversibilité qu'il y a à investir dedans, mais d’autres citoyens (nous par exemple) pourraient tout aussi bien prétendre que ces mêmes "plus" sont largement suffisants. Le caractère subjectif conduit à laisser chacun se faire sa propre opinion, comme vous le mentionnez au dernier paragraphe de votre première note. Au vu des changements IMPORTANTS introduits, compte tenu de la difficulté de telles négociations, il nous semble que les avancées justifient notre approbation. Pour un recensement rigoureux des nouveautés introduites par ce texte : http://membres.lycos.fr/constiteurope/ChangementsintroduitsparleTraiteConstitutionnel.pdf



2/ Vous présentez le référendum comme une décision d'investissement dans le TCE. En fait, nous « investirons » quel que soit le résultat du référendum. Deux projets se présentent à nous: Nice (ie les traités CE et UE consolidés) et le TCE. Ils sont également incertains: on ne peut invoquer le bon fonctionnement du Traité de Nice que l'on n'a pas encore vu réellement fonctionner à 25, et dont les règles en matière décisionnelle sont moins efficaces aux yeux de tous les juristes que celles proposées dans la constitution. Et ils sont également irréversibles puisque l'unanimité prévaut dans les deux cas. En fait le TCE l'est même moins que les traités UE et CE, pour au moins deux raisons: une juridique: la clause de révision facilitée (art IV 444); l’autre empirique: dans une négociation, la concession entraîne la concession, la crispation entraîne la crispation - approuver le traité nous donnera donc plus de moyens pour le dépasser.

L'introduction de considérations sur l'incertitude ne permet donc pas de discriminer les deux projets plus avant; et la réflexion sur l'irréversibilité doit plutôt nous engager à voter OUI. Et il reste, comme vous en convenez, que, pour ce qui est de la VPN, le TC est supérieur à Nice.

En conclusion, il nous semble que votre axe d'analyse conduit plutôt à voter OUI !


Fabien et Thomas


PS: on adore votre point de vue sur la politique extérieure de la France.


Marie

Merci pour ce point de vue clair. Je m'inquiétais de voir les "ouitisants" arguer de l'alignement des photos "lepen-Besancenot-et-quelques-autres" comme argument pour le oui...

Depuis plusieurs semaines, et après quelques mois d'investigation, j'ai également résolu de voter non. Je vais même faire 800km le jour J (enfin... la veille) pour me rendre à mon bureau de vote ! Je suis réconfortée à l'idée de lire un exégète de l'économie arguer d'éléments solides et de fait, légitimer l'avis de ceux du non.

Cordialement,
M.

Econoclaste-SM

Marie : le cadre utilisé par Beranard Salanié est intéressant, je ne risque pas de le contester. Néanmoins, si vous lisez bien ce qu'il écrit, son cadre peut permettre de répondre OUI au TCE.
Seul exemple, crucial, quand il écrit, "En définitive, chacun peut se décider en fonction de la valeur qu'il attribue à ces innovations", les choses me semblent assez claires.
Les économistes élaborent des modèles, dans lesquels des paramètres totalement indéterminés a priori jouent un rôle prépondérant. Si la valeur des paramètres passent certaines limites, la conclusion à tirer du modèle peut parfois changer. C'est le cas ici en ce qui concerne les préférences des électeurs (la valeur attribuée aux innovations). Et l'économétrie n'est d'aucun secours quand il s'agit d'estimer ces paramètres pour faire un choix individuel (toutes choses égales par ailleurs, car on peut supposer qu'un individu se base sur l'opinion des autres pour faire son choix. Mais ce genre de chose relève du positif - comment les préférences se forment, pas du normatif - comment elles doivent se former).
De plus, on pourrait même critiquer le modèle retenu sur le fond. J'y trouve pour ma part une forme de myopie, dans le sens où une fois posée l'hypothèse d'irréversibilité, il n'y a plus de futur. En ce sens, au crédit du NON, l'hypothèse d'un plan B tient aussi la route, au même titre. Et les oui-istes ne peuvent pas affirmer que ce plan B ne peut exister.
Sur le blog Optimum, vous trouverez une critique sur un autre plan :
http://optimum.tooblog.fr/?2005/05/10/98-la-valeur-doption-du-non

Bref, une fois de plus, ne pas faire dire à un modèle économique plus que ce qu'il ne peut dire.
Je suis donc en désaccord total avec votre dernière phrase.

Samuel

Bonjour,

je sais bien que l'intitulé de votre blog est "Les commentaires d'un économiste sur l'actualité et les problèmes économiques", mais la phrase suivante m'interpelle :
"Compte tenu de la difficulté qu'il y aura à réviser ce texte, la théorie économique nous enseigne qu'on ne doit l'approuver que si on lui attribue une valeur nette suffisamment élevée (pas seulement positive)."
Est-ce en tant qu'économiste ou que citoyen que vous allez voter non ? Je crains un mélange des genres. Chacun peut à mon sens parvenir à un résultat différent selon qu'il se place dans son domaine privilégié ou non. Et jusqu'à preuve du contraire, c'est au citoyen que la question est posée et à lui seul.

Par ailleurs, concernant la difficulté qu'il y aurait à réviser ce texte, il restera toujours pour chaque pays la possibilité de sortir d'une entité (article I-60) qui ne permet plus de répondre aux aspirations projetées dans celle-ci. D'ailleurs, dans le cas d'un blocage persistant sur le devenir de la construction européenne, je pense que cet article pourrait servir d'argument politique. Si le navire n'a plus de direction, cet article serait un bon moyen de le saborder.

Bernard Salanié

Chez moi, le citoyen est inséparable de l'économiste... Je crois en l'économie comme methode rationnelle de prise de décision ; c'est la raison pour laquelle je fais intervenir le type d'argument que vous citez. Mais je ne m'illusionne pas sur ses limites dans le cas d'une décision aussi complexe. J'ai donc essayé de donner une liste d'arguments factuels, que chacun peut pondérer comme bon lui semble, quitte à en déduire une position opposée à la mienne. Ma pondération personnelle fait intervenir mes valeurs, plutôt libérales : une préférence pour la décentralisation des décisions notamment.

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