La campagne référendaire en cours semble stimuler le personnel politique, qui donne libre cours à son penchant pour l'exagération manifeste. Talleyrand disait que "tout ce qui est excessif est insignifiant". C'est une saine devise ; mais elle ne vaut que pour la vie privée. Dans la vie publique, chaque nouvelle absurdité proférée avec le plus grand sérieux augmente encore un peu plus le discrédit de la classe politique, et donc sa capacité de leadership.
Après mûre réflexion, je pense que mon seul moyen de lutter contre cette tendance délétère est de "punir" les coupables dans la mesure de mes faibles moyens. Je lance donc aujourd'hui le Concours de l'Enormité Politique la plus Lamentable. Le règlement en est très simple :
- Le CEPL est ouvert au personnel politique français, sans distinction de rang ou d'opinions.
- Aucune inscription prélable n'est nécessaire ; l'organisateur se charge de tout.
- Dans un souci d'indépendance partisane, un prix sera décerné pour les partisans du oui et un pour les partisans du non.
- Comme chacun sait et s'agissant d'un choix entre (largement) plus de deux possibilités, la seule méthode de choix satisfaisante est la dictature (théorème d'Arrow, 1951). Le jury se réduit donc à l'organisateur.
- Les énormités trop conventionnelles ("il faut adopter la Constitution pour maintenir la paix en Europe" ou "voter oui, c'est ouvrir la porte à une régression sociale massive") ne seront pas prises en considération.
- Le concours sera clos le 29 mai 2005.
A ce stade, tiennent la corde :
- Dans le camp du oui, Jean-Marie Cavada (élu européen pour l'UDF), que j'ai entendu hier déclarer (geste a l'appui) : "Voter non, c'est livrer l'Europe pieds et poings liés aux Etats-Unis". Ou quand le centrisme ne protège pas du délire verbal.
- Dans le camp opposé, Henri Emmanuelli pour sa célèbre analogie entre la direction du PS d'aujourd'hui et celle de juillet 1940 : "Il y avait une majorité de socialistes pour voter en 1940 les pleins pouvoirs à Laval, ceux qui ont résisté sont passés à la postérité et ceux qui l'ont fait ont fini dans l'opprobre" (c'était à Pétain, en fait, mais l'idée y est).
Vos suggestions sont bien sûr bienvenues.
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